Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 2.djvu/401

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de la loi ? Pourquoi, dans ce moment, est-il à l’Hôtel-de-Ville ? M. le maire, vous répondez de la tranquillité publique, de la conservation de nos propriétés… vous… »

» À ces mots prononcés avec une grande volubilité, que M. le maire entendit, il répondit vaguement… « Monsieur, qu’est-ce que cela veut dire ? Vous oubliez le respect, vous manquez. Ah ! ça, voyons, entendons-nous… » À ces mots, dis-je, la presque totalité des gardes nationales se portèrent autour du maire, imposèrent silence au grenadier, le forcèrent à se retirer, et le maire alla à l’Assemblée nationale. Il y donna les éclaircissemens qu’on lui demandait, mais ne parla pas de la terrasse des Feuillans.

» L’instant d’après, M. Pétion rentra dans le jardin et retourna sur la terrasse. Je l’y vis se promener au milieu du même groupe, accompagné des mêmes officiers municipaux et d’un plus grand nombre de gardes nationales.

» Je fus témoin que le commandant de bataillon qui, je crois, dit être des prémontrés, accosta M. le maire en face de la porte principale du château ; qu’il lui dit : « Que tout était calme, qu’il n’y avait rien à craindre ; que les commissaires des sections, qui s’étaient réunis au faubourg Saint-Antoine, s’étaient séparés en s’ajournant pour le vendredi matin de bonne heure à l’Hôtel-de-Ville, à l’effet de prendre un parti définitif ; mais que jusque-là il n’y avait rien à craindre. »

» Cette nouvelle était trop heureuse pour n’être pas saisie avec empressement. M. le maire y applaudit et annonça que bientôt il se retirerait.

» Cependant plusieurs personnes lui firent observer que le récit du commandant de bataillon pouvait être vrai, et le danger être encore très-pressant.

» On a remarqué que le commandant venait de la section de la Croix-Rouge ; que les commissaires dont on parlait s’étaient séparés à onze heures ; que depuis et malgré leur prétendu résultat, le tocsin avait été sonné, le canon d’alarme avait été tiré, que le rassemblement s’était formé, et qu’on paraissait