Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 2.djvu/55

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sûreté : serait-il donc nécessaire de vous rassurer sur des bruits aussi coupables, démentis d’avance par mon caractère connu ? »

La démarche du 15 juillet n’avait point calmé les troubles. Des députations de poissardes se succédaient pour demander que le roi vînt à Paris, où sa présence seule ferait cesser l’insurrection.

Le 16 juillet, il y eut un comité chez le roi, où il s’agissait de la question la plus importante. Sa Majesté devait-elle quitter Versailles et partir avec les troupes dont elle venait d’ordonner la retraite, ou se rendre à Paris pour calmer les esprits ? La reine désirait le départ. Le 16 au soir, elle me fit ôter de ses écrins toutes ses parures de diamans, pour les réunir dans un seul petit coffre qu’elle devait emporter dans sa propre voiture. Elle brûla avec moi une grande quantité de papiers ; car, dès ce moment, on menaçait Versailles d’une incursion de gens armés de Paris.

Le 16 au matin, avant de se rendre à un autre comité chez le roi, et après avoir préparé ses bijoux et visité tous ses papiers, la reine m’en remit un plié et non cacheté, et m’ordonna de ne le lire qu’à l’instant même où elle m’en ferait donner l’ordre de chez le roi ; qu’alors j’exécuterais tout ce qu’il contenait ; mais elle revint elle-même vers dix heures du matin, la chose était décidée : l’armée partait sans le roi ; tous ceux qui couraient un danger imminent, devaient partir en même temps. « Le roi ira demain à l’Hôtel-de-Ville, me dit la