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la duchesse de Guiche, la comtesse Diane de Polignac, sœur du duc, et l’abbé de Balivière, émigrèrent aussi dans la même nuit. Rien ne fut plus

    la valeur de M. le prince de Condé, et plusieurs particularités qui, relatives à la naissance de M. le duc d’Enghien, paraissent plus singulières et plus touchantes quand on les rapproche des circonstances de sa fin tragique.

    « Le prince de Condé s’était fait un nom dès son jeune âge. — Dans la guerre de sept ans, on citait de lui des traits de la bravoure qu’il montra à la bataille d’Astenbeck. On racontait que, sollicité de faire dix pas à gauche pour éviter la direction d’une batterie qui faisait à côté de lui d’affreux ravages, il avait répondu à M. de la Touraille : Je ne trouve pas ces précautions dans l’histoire du Grand Condé.

    » Il se distingua depuis à la bataille de Minden, en 1759, à la tête de sa réserve, chargeant l’ennemi sur une pelouse jonchée de cadavres des officiers de la gendarmerie et des carabiniers. Ses talens se développèrent davantage quand il eut à ses ordres un corps de troupes séparé, avec lequel il remporta divers avantages sur le prince de Brunswick. Louis XV, en récompense, lui donna les canons de l’ennemi ; et M. de Brunswick lui ayant depuis rendu visite à Chantilly, et n’ayant pas trouvé les canons que le prince de Condé avait soustraits à ses regards : Vous avez voulu, lui dit-il, me vaincre deux fois, à la guerre par vos armes, dans la paix par votre modestie. Le combat de Johannes-Berg acheva sa réputation. Seul, avec une réserve inférieure, il remporta une victoire complète sur le prince Ferdinand. Il avait tenu son conseil de guerre au milieu des coups de fusil, et tenu ferme sur le champ de bataille qui lui resta. »

    » M. le duc de Bourbon, fils de M. le prince de Condé, à peine sorti de l’enfance, devint amoureux de mademoiselle d’Orléans, et se montra si passionné, qu’à quatorze ans il épousa cette prin-