Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 2.djvu/6

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et de diamans blancs, puis d’une paire de bracelets de deux cent mille francs. La reine, après avoir fait changer la forme de ses parures de diamans blancs, avait dit à Bœhmer qu’elle trouvait son écrin assez riche, et ne voulait plus y rien ajouter ; cependant, ce joaillier s’occupait depuis plusieurs années de réunir un assortiment des plus beaux diamans en circulation dans le commerce, pour en composer un collier à plusieurs rangs, qu’il se proposait de faire acheter à Sa Majesté ; il l’apporta chez M. Campan, le priant d’en parler à la reine pour lui donner le désir de le voir et d’en faire l’acquisition. M. Campan refusa de lui rendre ce service, et lui dit qu’il sortirait des bornes de son devoir, s’il se permettait de proposer à la reine une dépense de seize cent mille francs, et qu’il ne croyait même pas que la dame d’honneur

    qu’avec des ménagemens affectés, à présenter sous un faux jour la conduite irréprochable d’une princesse que l’aveugle crédulité, ou la corruption d’un prince de l’Église livrait à des soupçons outrageans. L’abbé Georgel laisse percer, dans cette partie de ses Mémoires, si l’on peut s’exprimer ainsi, une haine respectueuse contre Marie-Antoinette. Il suppose la reine instruite, quand elle est encore dans la sécurité d’une femme dont l’imagination ne pourrait même concevoir l’idée d’une pareille intrigue. On trouvera sous la lettre A, un extrait étendu de ces Mémoires. Le lecteur qui veut s’éclairer et juger, fera bien de jeter d’abord un coup-d’œil sur cet extrait, pour voir en quoi les assertions qu’il contient sont affaiblies ou tout-à-fait détruites par le témoignage de madame Campan.

    (Note de l’édit.)