Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 2.djvu/7

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

ni la dame d’atours voulussent se charger d’une semblable commission. Bœhmer obtint du premier gentilhomme d’année de service chez le roi, de présenter cette superbe parure à Sa Majesté, qui en fut si satisfaite qu’elle désira en voir la reine ornée, et fit porter l’écrin chez elle : mais la reine l’assura qu’elle serait très-affligée que l’on fît une dépense aussi considérable pour un pareil objet ; qu’elle avait de beaux diamans, qu’on n’en portait plus à la cour que quatre ou cinq fois par an, qu’il fallait renvoyer ce collier, et que la construction d’un navire était une dépense bien préférable à celle que l’on proposait[1]. Bœhmer désolé de voir son espérance trompée, s’occupa, dit-on, pendant quelque temps, de faire vendre son collier dans diverses cours de l’Europe, et n’en trouva pas qui fût disposée à faire l’acquisition d’un objet aussi cher. Un an après cette tentative infructueuse, Bœhmer fit encore proposer au roi d’acheter son collier de diamans, partie en paiement à diverses échéances et partie en rentes viagères : on fit envisager ses

  1. « Les sieurs Bœhmer et Bassange, joailliers de la couronne, étaient possesseurs d’un superbe collier de diamans qui avait été destiné, dit-on, à la comtesse du Barry. Pressés de le vendre, ils l’avaient présenté, lors de la dernière guerre, au roi et à la reine, pour en faire l’acquisition : mais Leurs Majestés avaient fait aux joailliers cette réponse sage : Nous avons plus besoin d’un vaisseau que d’un bijou. » (Correspondance secrète de la cour de Louis XVI.)
    (Note de l’édit.)