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l’instant où il avait été appelé à la cour, lors du départ de M. Necker ; que ces Mémoires contenaient deux plans tout-à-fait opposés pour tirer le roi de la crise affreuse où il se trouvait. Dans le premier de ces plans, M. Foulon s’exprimait hautement sur les vues criminelles du duc d’Orléans ; disait qu’il fallait le faire arrêter et se hâter de profiter du temps où les tribunaux existaient encore, pour lui faire son procès ; il indiquait aussi les députés qu’on devait arrêter en même temps, et conseillait au roi de ne se point séparer de son armée tant que l’ordre ne serait pas rétabli.

Son autre plan tendait à ce que le roi s’emparât de la révolution avant son explosion totale ; il lui conseillait de se rendre à l’Assemblée, d’y demander lui-même les cahiers, de faire les plus grands sacrifices pour satisfaire les véritables vœux du peuple, et ne pas donner aux factieux le temps de les faire tourner à l’avantage de leurs criminels desseins. Madame Adélaïde se fit lire ces deux Mémoires par M. Foulon, en présence de quatre ou cinq personnes. Une d’elles était très-liée avec madame de Staël[1], et c’était cette liaison qui donnait lieu de croire à la reine que le parti contraire avait eu connaissance des Mémoires de M. Foulon.

On sait que le jeune Barnave, dans un cruel égarement d’esprit, expié quelque temps après par

  1. Le comte L. de N.
    (Note de madame Campan.)