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grands, dont l’influence semblait inquiéter le peuple, un attentat horrible, commis par des assassins soudoyés, prouva que le roi avait descendu les degrés de son trône, sans avoir obtenu de réconciliation avec son peuple.

M. Foulon, adjoint au ministère pendant que M. de Broglie commandait l’armée réunie à Versailles, s’était caché à Viry. Il y fut reconnu, les paysans l’arrêtèrent et le traînèrent jusqu’à l’Hôtel-de-Ville. Le cri de mort s’y fit entendre ; les électeurs, les membres du comité, M. de La Fayette alors l’idole de Paris, voulurent inutilement sauver cet infortuné. Après un supplice dont les détails font frémir, son corps fut traîné dans les rues et jusqu’au Palais-Royal, et son cœur porté, le dirai-je ? par des femmes..... au milieu d’un bouquet d’œillets blancs[1].

Le gendre de M. Foulon, M. Berthier, intendant de Paris, fut arrêté à Compiègne en même temps que son beau-père le fut à Viry, et traité avec une cruauté encore plus persévérante.

La reine a toujours été convaincue que quelque indiscrétion avait occasioné cet horrible attentat ; elle me confia alors que M. Foulon avait fait deux Mémoires, pour diriger la conduite du roi, à

  1. Cette horrible circonstance ne se trouve rapportée qu’ici. Aucun historien, aucune relation du temps n’en fait mention. Il est probable que ce fait est faux : il faut le croire du moins pour l’honneur de l’humanité.
    (Note de l’édit.)