Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 2.djvu/78

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lait toujours d’aller à Versailles s’emparer du roi, il est démontré que ce nouvel attentat du peuple avait fait partie du plan des factieux.

Les femmes seules se présentèrent d’abord ; on fit fermer les grilles du château et ranger les gardes-du-corps et le régiment de Flandre sur la place d’armes. Les détails de cette affreuse journée se trouvant avec exactitude dans plusieurs ouvrages, je dirai seulement que le désordre égalait la consternation dans l’intérieur du palais.

À cette époque, je n’étais pas de service auprès de la reine. M. Campan resta près d’elle jusqu’à deux heures du matin. Comme il allait sortir, elle daigna lui recommander, avec une bonté infinie, de me rassurer sur les dangers du moment, et de me répéter les propres mots de M. de La Fayette, qui venait d’inviter la famille royale à se coucher, en lui répondant de son armée.

La reine était loin de compter sur l’attachement de M. de La Fayette ; mais elle m’a souvent répété qu’elle crut ce jour-là, qu’ayant affirmé au roi, en présence d’une foule de témoins, qu’il répondait de l’armée parisienne, il ne hasarderait pas sa gloire de commandant, et était sûr de son fait. Elle pensait aussi que toute cette armée lui était dévouée, et que tout ce qu’il avait dit sur la violence qu’elle lui avait faite pour le faire marcher sur Versailles, n’était qu’une feinte.

Dès la première nouvelle de la marche des Parisiens, M. le comte de Saint-Priest avait fait pré-