Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 2.djvu/79

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parer Rambouillet pour recevoir le roi, sa famille et leur suite, et déjà les voitures étaient avancées ; mais quelques cris de vive le roi ! lorsque les femmes avaient rapporté la réponse favorable de Sa Majesté, firent abandonner le projet du départ, et l’on donna l’ordre aux troupes de se retirer[1]. Cependant, les gardes-du-corps furent assaillis de pierres et de coups de fusil, lorsqu’ils se rendaient de la place d’armes à leur hôtel. Les alarmes recommencèrent ; on voulut de nouveau partir ; quelques voitures étaient encore attelées, on les fit demander ; elles furent arrêtées par un misérable comédien du théâtre de la ville, qui fut secondé par la multitude : le moment de fuir avait été manqué.

  1. Je n’insisterai pas sur la nécessité de rapprocher cette relation des récits tracés par Ferrières, Weber et Bailly, dans la collection des Mémoires sur la révolution : tous les lecteurs qui veulent s’instruire, sentiront l’utilité de ce rapprochement. Mais il existe encore sur ces événemens, qui eurent une si malheureuse influence, un témoignage bien autrement important, c’est celui d’un ministre du roi à cette époque : c’est celui même de M. le comte de Saint-Priest, dont il est question dans ce passage des Mémoires de madame Campan. M. de Saint-Priest, que son rang à la cour, sa place au conseil, son attachement pour le roi, mirent à portée de tout voir et de tout connaître, a laissé une relation précieuse des événemens que ses avis pouvaient prévenir ou du moins écarter, s’ils eussent été suivis. L’éditeur tient cette relation de la bienveillance de M. de Saint-Priest, fils du ministre : on la trouvera parmi les éclaircissemens inédits [**].
    (Note de l’édit.)