Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 2.djvu/81

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d’elles entra chez la reine pour la réveiller, et la faire sortir de son lit ; ma sœur vola vers l’endroit où lui paraissait être le tumulte ; elle ouvrit la porte de l’antichambre qui donne dans la grande salle des gardes, et vit un garde-du-corps, tenant son fusil en travers de la porte, et qui était assailli par une multitude qui lui portait des coups ; son visage était déjà couvert de sang ; il se retourna et lui cria : Madame, sauvez la reine, on vient pour l’assassiner. Elle ferma soudain la porte sur cette malheureuse victime de son devoir, poussa le grand verrou, et prit la même précaution en sortant de la pièce suivante, et, après être arrivée à la chambre de la reine, elle lui cria : Sortez du lit, Madame ; ne vous habillez pas, sauvez-vous chez le roi. La reine épouvantée se jette hors du lit, on lui passe un jupon sans le nouer, et ses deux dames la conduisent vers l’œil-de-bœuf. Une porte du cabinet de toilette de la reine, qui tenait à cette pièce, n’était jamais fermée que de son côté. Quel moment affreux ! elle se trouva fermée de l’autre côté. On frappe à coups redoublés ; un domestique d’un valet de chambre du roi vient ouvrir ; la reine entre dans la chambre de Louis XVI et ne l’y trouve pas. Alarmé pour les jours de la reine, il était descendu par les escaliers et les corridors qui régnaient sous l’œil-de-bœuf, et le conduisaient habituellement chez la reine, sans avoir besoin de traverser cette pièce. Il entre chez Sa Majesté, et n’y trouve que des gardes-du-corps qui s’y étaient réfugiés. Le