Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 2.djvu/89

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« Venez de suite vous établir à Paris ; je veux vous faire loger aux Tuileries ; venez, ne me quittez plus ; de fidèles serviteurs, dans des momens semblables, deviennent d’utiles amis ; nous sommes perdus, entraînés peut-être à la mort : les rois prisonniers en sont bien près. »

J’ai eu beaucoup d’occasions de remarquer, pendant le cours de nos malheurs, que le peuple n’obéit jamais aux factions avec persévérance, et qu’il leur échappe facilement, lorsque la réflexion, ou quelqu’autre cause le rappelle au devoir. Aussitôt que les jacobins les plus forcenés avaient eu occasion de voir la reine de plus près, de lui parler, d’entendre sa voix, ils devenaient ses plus zélés partisans, et jusque dans la prison du Temple, plusieurs de ceux qui avaient contribué à l’y entraîner, périrent pour avoir tâché de l’en faire sortir.

Le 7 octobre au matin, les mêmes femmes qui, la veille, montées sur des canons, environnaient la voiture de l’auguste famille prisonnière et l’accablaient d’injures, vinrent se placer sur la terrasse du château sous les fenêtres de la reine, en demandant à la voir. Sa Majesté se montra. Il y a toujours dans ces sortes de groupes des orateurs, c’est-à-dire des êtres plus hardis que les autres ; une femme de

    passa de la plus belle santé à un état de langueur qui le conduisit au tombeau en septembre 1791.

    (Note de madame Campan.)