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la perle cachée.

n’avait-il pas quelque peste en Syrie, quand vous vous y êtes embarqué ?

Alex. Non, que je sache. Mais je vois bien que je suis moi-même une peste, sous des haillons si misérables, si peu convenables pour des appartements élégants. Laissez-moi me reposer à l’ombre de ces arbres touffus.

Proc. (prenant Euphémien à part, pendant qu’Alexis se retire.) Seigneur, à titre d’ancien, et, je crois, de fidèle serviteur, qu’il me soit permis de parler librement. Il est imprudent et dangereux de donner ainsi asile, même pour une heure, à un pareil individu. Il peut y avoir complot de voler ou d’assassiner, — il a peut-être sur lui quelque maladie secrète, bien plus, quelque terrible contagion, qu’il apporte des marais de l’Asie, ou des côtes empestées de l’Afrique.

Euph. Et cependant le jour viendra où quelqu’un dira : « J’étais étranger, et vous m’avez accueilli » — oui, quelqu’un qui se cache sous l’apparence du proscrit et du mendiant parlera ainsi au riche.

Proc. Donc, pas à vous : car le jour du jugement vous trouvera pauvre. L’extravagance de vos aumônes dévorerait vos biens, fussent-ils quatre fois ce qu’ils sont. Pardonnez cette franchise ; jour et nuit je suis en proie à cette pensée pénible.