Page:Carey - Principes de la science sociale, Tome 1.djvu/34

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Les mouvements des corps célestes furent donc ainsi de bonne heure étudiés et compris ; toutefois il était réservé à Newton de découvrir pour quelle raison la pomme détachée de l’arbre tombe sur la terre ; à Franklin de découvrir l’identité de la foudre et de l’électricité ; à Cavendish la composition de que nous respirons ; à Black l’existence du calorique latent, et aux savants même de nos jours les lois en vertu desquelles nous voyons et nous entendons. Le grand ouvrage de Laplace sur la mécanique céleste fut le produit de cette même époque qui assistait à la naissance d’une science nouvelle, ayant pour objet de déterminer la composition du globe sur lequel nous vivons et nous accomplissons nos mouvements, et dont nous tirons notre subsistance de chaque jour. C’est ainsi qu’à mesure que nous nous rapprochons davantage de l’homme, de ses actes ordinaires et de ses desseins, nous trouvons les plus grands retardements dans ces connaissances positives acquises de si bonne heure, si l’on se reporte à la méthode à suivre dans les efforts qu’il a fallu faire pour les acquérir. L’étude de l’histoire conduit inévitablement à admettre avec Buffon cette opinion : « Que quelque puissant intérêt que nous ayons à nous connaître, il est probable que nous connaissons toute chose beaucoup mieux que nous-mêmes ; » et avec Rousseau cette croyance : « Qu’il faut beaucoup de philosophie pour observer les faits qui se passent tout près de nous ».

Si nous passons, des lois plus abstraites et plus générales qui régissent les mouvements des corps éloignés de nous, à celles qui déterminent la composition de la matière qui nous environne d’une façon immédiate, nous apercevons de nouvelles lois, mais toutes subordonnées à celles que nous avons d’abord obtenues et en harmonie avec elles. Après la physique qui s’occupe des masses, la chimie s’occupe des éléments dont elles se composent, éléments tous sujets aux mêmes lois qui régissent ces masses elles-mêmes. Les atomes, résultats de l’analyse de Cavendish, obéissent à la loi de la gravitation aussi bien que la terre, les satellites de Jupiter et Jupiter lui-même. « La distinction entre la chimie et la physique, dit M. Comte, est beaucoup moins facile à établir que celle qui existe entre la chimie et l’astronomie ; et, ajoute-t-il, c’est une distinction à l’égard de laquelle il devient plus difficile de se