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prononcer, à mesure que de nouvelles découvertes révèlent des rapports plus intimes[1]. »

Le lecteur se convaincra facilement qu’il en est ainsi, s’il réfléchit aux développements considérables que les sciences physiques doivent aujourd’hui aux travaux de Cavendish, de Priestley, de Black, de Davy, de Lavoisier, de Fourcroy, de Gay-Lussac et d’autres chimistes éminents.

Dans un autre passage de son admirable tableau des progrès et des développements graduels de la science, M. Comte démontre ainsi la relation intime qui existe entre la physique d’une part, la chimie et la physiologie de l’autre.

« Grâce à la série importante des phénomènes électro-chimiques, la chimie devient, en quelque sorte, un prolongement de la physique ; et à son autre extrémité, elle établit les bases de la physiologie par suite de ses recherches dans le domaine des combinaisons organiques. Ces relations sont tellement réelles qu’il est arrivé souvent, que des chimistes non exercés à la philosophie de la science sont demeurés incertains si tel ou tel sujet particulier se trouvait compris dans le cercle de leur science, ou devait appartenir, soit à la physique, soit à la physiologie[2]. »

Quant à présent, M. Comte pense « que la dépendance directe de la chimie à l’égard de l’astronomie, n’est que très-faible ; mais qu’au moment où arrivera le développement de la chimie concrète, c’est-à-dire l’application méthodique des connaissances chimiques à l’histoire naturelle du globe, les considérations astronomiques se feront jour, sans nul doute, là même où il semble aujourd’hui qu’il n’existe aucun point de contact entre les deux sciences. La géologie, bien qu’encore peu avancée, nous fait pressentir la nécessité future et comme un vague instinct de ce qui existait probablement dans les esprits au siècle de la théologie, lorsqu’on s’était, chimériquement et toutefois obstinément, attaché à cette idée, d’unir l’astrologie et l’alchimie. En réalité, il est impossible de concevoir les grandes opérations qui s’accomplissent à l’intérieur du globe comme radicalement indépendantes de ses conditions planétaires[3]. »

  1. Philosophie positive, traduction de Miss Martineau, t. I, p. 216.
  2. Ibid. t. I, p. 298.
  3. Ibid. t. I, p. 299.