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CHAPITRE XV.

DES CHANGEMENTS MÉCANIQUES ET CHIMIQUES DANS LA FORME DE LA MATIÉRE.

§ 1. — Pour opérer les changements dans les formes de la matière, il est nécessaire d’en connaître les propriétés. L’œuvre de transformation est plus concrète et plus spéciale que celle du transport, et conséquemment, plus tardive dans son développement. Elle tend à augmenter l’utilité de la matière, et à diminuer la valeur des denrées nécessaires aux besoins de l’homme.

Pour transporter les pièces de bois au moyen desquelles notre colon pût, de quelque façon, s’abriter contre le vent et la pluie, il ne fallait qu’appliquer la force brutale ; mais, avant qu’il pût réussir à transformer en arc l’une d’entre elles, il fallait qu’il se familiarisât avec les propriétés de la matière, connues sous le nom d’élasticité et de ténacité. Pour effectuer les changements de forme, il était donc nécessaire de connaître les qualités des choses à transformer, tandis que pour effectuer les changements de lieu, le colon n’avait besoin de connaître que leur quantité, leur grandeur ou leur poids ; et, comme conséquence nécessaire, il s’en suivit que l’œuvre de transformation, plus concrète et plus spéciale, ne vint, dans l’ordre de développement, qu’après l’œuvre plus abstraite du transport.

La terre nous fournit peu de choses sous la forme précise qu’elles doivent avoir pour servir aux besoins de l’homme. Il peut manger des pommes, des oranges, des dattes ou des figues, telles qu’elles ont été cueillies sur l’arbre ; mais la pomme de terre a besoin d’être cuite, les grains de blé d’être écrasés, la farine d’être mise au four avant de pouvoir servir à sa nourriture. Il peut envelopper ses épaules d’une peau de bête ; mais avant de pouvoir convertir la laine en un vêtement susceptible de le garantir du froid de l’hiver, il doit se familiariser avec les propriétés