Page:Carey - Principes de la science sociale, Tome 1.djvu/568

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puisse avoir établi un pareil système, qu’il puisse avoir agi ainsi à l’égard de cet être qu’il a placé à la tête de la création, c’est là une idée tellement absurde, qu’elle nous autorise à ne croire qu’avec hésitation que ceux qui l’ont d’abord suggérée aient pu réellement y ajouter foi ; et cependant on ne peut, aujourd’hui, douter qu’ils ne l’aient admise réellement et sincèrement. Quelle a donc pu être la cause de l’erreur dans laquelle sont tombés des hommes doués d’une aussi haute intelligence, ainsi qu’ils l’étaient incontestablement. Pour obtenir une réponse à cette question, il faut que nous fassions un rapide examen des tendances du système, dans les divers pays auxquels nous avons fait allusion précédemment.

Quels étaient en premier lieu les buts que ce système cherchait à atteindre ? Se proposait-il de favoriser l’association et la combinaison des efforts ? Se proposait-il le développement des facultés de l’homme ? Se proposait-il le développement, ou même le maintien des forces productives de la terre ? Cherchait-il à amoindrir le plus grand obstacle qui entrave le commerce, la taxe qui pèse sur le transport ? Tendait-il d’une façon quelconque, à augmenter l’utilité de la matière dont la terre se compose, à diminuer la valeur des denrées nécessaires aux besoins de l’homme, ou à augmenter la valeur de l’homme lui-même ? Si tels étaient les buts qu’il se proposait, alors il tendait à la civilisation.

Nous savons qu’il n’a fait aucune de ces choses. Il cherchait à empêcher l’association. Il interdisait la diversité des travaux, et s’opposait ainsi au développement de l’intelligence et à l’accroissement de la puissance d’association. Il réduisait le peuple soumis à son action, à la condition de simples défricheurs du sol, en même temps qu’il imposait par la force l’épuisement de la terre. Tous ces phénomènes sont ceux qui accompagnent les premiers âges de la société, ces âges que nous appelons barbares, où l’on ne se procure les subsistances qu’avec la plus grande difficulté, où les famines et les pestes sont fréquentes, où existe avec le plus d’intensité la maladie de l’excès de population. Le système tendait à réduire la quantité des choses nécessaires à la vie ; et c’est pourquoi nous trouvons dans l’Irlande, dans l’Inde et à la Jamaïque les preuves les plus concluantes de la vérité des doctrines de l’école anglaise. C’était une politique rétrograde tendant à faire retourner la société