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décline pas, la condition de la population de tous ces pays, et combien ils sont inutiles au reste du monde, c’est ce fait que, dans le surcroît de la fourniture de coton pendant les deniers vingt ans, la presque totalité est consommée par les pays qui cherchent à fonder une concurrence pour l’achat du travail domestique comme préparatoire à augmenter la concurrence pour son achat au dehors[1].

La concurrence que fait A, pour l’achat du travail de B, tend à produire concurrence que B fera pour le travail de C, et ainsi jusqu’à la fin de l’alphabet ; ou l’assertion est exacte ou elle ne l’est pas. Dans le premier cas, toutes les sociétés dont la politique y est conforme marchent à la liberté pour elles-mêmes et pour le monde, tandis que celles où la politique y est opposée doivent marcher à l’établissement de l’esclavage chez elles et dans le monde entier. Cela est clair, et pourtant, chose étrange, tandis que la première politique embrasse plusieurs des pays absolutistes de l’Europe, c’est la seconde que l’on trouve dans les deux États du monde qui sont surtout trafiquants, la Grande-Bretagne et les États-Unis, — qui s’intitulent les amis de la liberté et les patrons des révolutionnaires dans le monde entier.[2].

  1. La production de coton, dans les quatre années de 1839-40 à 1842-43, a été de 1.950.000 balles. Celle des quatre années finissant en 1856-57 a été d’environ 3.000.000 balles, l’accroissement ayant été de 1.050.000 balles. Dans les vingt dernières années, l’accroissement de la consommation de l’Allemagne a été de 250.000 balles. De 1842 à 1847, la consommation américaine s’est accrue de 380.000 balles. Ajoutant à cela l’accroissement de Suède, de Danemark, de Russie et de France, sous une protection ferme, et celle des États, conséquence de la protection parfaite donnée pendant ce temps aux cotons bruts, on trouvera que l’accroissement entier de récolte a été absorbé par les contrées protégées du globe. — Nous avons vu, vol. 1, p. 557, que les provinces qui, étant manufacturières, achètent les matières premières, sont en France les meilleurs consommateurs, d’un autre côté, ceux qui les vendent et par là épuisent leur sol sont les plus pauvres consommateurs, cela nous est montré par le fait que d’une exportation moyenne, pendant cinq ans, de 1.092.000 francs, la quantité entière, prise par les cent millions d’habitants de l’Inde et les étrangers qui les gouvernent ; dépasse à peine 3.000.000 francs. Le Portugal prend 3.000.000 francs, la Turquie 17.000.000 francs. Mais, quant à cette dernière, il est probable qu’une portion notable va se consommer en dehors de l’empire turc. L’Allemagne elle-même, si énergiquement engagée dans la voie manufacturière était pour le travail français un consommateur de 42.000.000 francs, tandis que l’Amérique du Sud tout entière, ne paye que pour 72.000.000 francs. Consultez Annuaire Économique pour 1855 et les années suivantes, par Guillaumin.
  2. Mettant en oubli l’extermination de la population écossaise des Highlands,