Page:Carné - Souvenirs de ma jeunesse au temps de la Restauration.djvu/153

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pas ces tristes limbes de l’intelligence humaine. Poursuivi par les lumineux souvenirs d’une enfance chrétienne, comme Adam l’était, au milieu des épines, par ceux du jardin d’Éden, il allait heurtant ses pieds meurtris à toutes les pierres du chemin, et laissant lire la tristesse de son âme sur les plis de son noble front et dans l’azur de ses yeux humides.

L’Église n’avait pas, à coup sûr, de services directs à attendre de cette école, qui ne lui rendait pas même la justice historique à laquelle l’avait accoutumée la haute impartialité de M. Guizot. Cependant, si le Globe ne faisait point de croyants, la polémique de cette feuille rendait manifestement le poids de l’incrédulité beaucoup plus lourd à porter ; elle servait la cause du christianisme, en constatant l’insuffisance de toutes les solutions poursuivies par la science rationaliste, en révélant surtout aux esprits sincères des abîmes que la foi seule était en mesure de combler.

C’était principalement dans la presse périodique, qu’à la veille et au lendemain de la révolution de Juillet, se débattaient les formidables questions qui avaient agité dans tous les siècles l’intelligence humaine. D’autres recueils franchissaient en philosophie les limites de la critique que ne dépassa guère le Globe, et laissaient pressentir, pour tous les grands problèmes, des solutions ardemment appelées par une génération qui demandait à ses maîtres quelque lumière pour son esprit et quelque repos pour son cœur. Si l’on tenait plus de compte de l’originalité des théories que de leur popularité, il faudrait placer au premier rang des