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LA JEUNESSE EN 1829.

l’occasion de travaux solides, où la vivacité de l’attaque restait tempérée parla plus parfaite urbanité. Une modération constante fut pour la rédaction du Correspondant lé résultat simultané d’une habitude et d’un calcul. Dissiper les préventions élevées comme des montagnes entre l’Église et la société moderne, tel était le but que nous poursuivions obstinément, persuadés que pour l’atteindre il importait, avant de débattre les questions qui divisent les hommes, démettre en relief celles qui peuvent les rapprocher. Si d’autres dispositions on plus tard prévalu dans une certaine partie delà presse religieuse, c’est qu’on a cessé de s’y préoccuper des sentiments de ses adversaires pour ne plus compter qu’avec ceux de ses amis.

Quoique étranger à notre rédaction ordinaire, le baron d’Eckstein formait comme un gros corps de réserve pour tous les besoins imprévus. Il était prêt sur toutes les questions, et la prétendue doctrine saint-simonienne vit tomber pièce à pièce, sous les coups de ce puissant athlète, l’échafaudage historique qu’elle s’efforçait d’élever à l’aide d’une érudition de seconde main. Le naufrage de 1830 nous apporta quelques précieuses épaves. Au premier rang figura M. Franz de Champagny qui venait de quitter le ministère public, et préludait à ses études sur le despotisme des Césars par des articles incisifs sur les actes arbitraires inséparables de toutes les révolutions, lors même que celles-ci s’accomplissent au nom de la liberté.,

À la même époque, M. de Cazalès introduisit dans nos réunions un tout jeune homme à la longue cheve-