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SOUVENIRS DE MA JEUNESSE.

pression laissée dans le monde universitaire par cette correspondance très-bien renseignée fut assez vive pour que, plus de dix ans après, M. Villemain, alors ministre de l’instruction publique, s’entretenant à la Chambre avec moi de ces questions, me demanda instamment le nom de l’auteur de ces lettres, que je n’étais pas en position de lui apprendre, le correspondant anonyme de Bayonne étant demeuré maître de son secret. Dans ces révélations sur les diverses pratiques du monopole universitaire, le ministre avait cru découvrir la main d’un homme du métier envers lequel il avait, me disait-il avec sa spirituelle bonne grâce, une double dette à payer, le destituer comme professeur et le décorer comme écrivain.

C’était surtout la Bourgogne qui nous envoyait un renfort des plus utiles. La Société d’études de Dijon où débuta Lacordaire, était en communication régulière avec le Correspondant, et M. Foisset lui adressait des travaux où se faisait déjà remarquer la calme gravité qui ont fait de l’historien du père Lacordaire, durant les luttes les plus passionnées, l’expression persistante de l’idée première dont s’inspira ce recueil. La rédaction recevait un concours non moins utile d’un homme dont le nom n’est oublié ni dans la magistrature ni dans les lettres sérieuses : M. le président Riambourg écrivit une intéressante série d’études critiques sur les écoles philosophiques contemporaines. La doctrine écossaise, la doctrine de Kant, l’idéalisme de Hegel et celui de Schelling, enfin l’ingénieux éclectisme inauguré par M. Cousin furent