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les quatre fils aymon

donnerai un résumé, en insistant sur la partie la plus originale. L’auteur a imaginé d’attribuer à Renaud le mérite d’être allé chercher en Orient et d’en avoir rapporté les reliques de la Passion[1]. Le pèlerinage remplit en effet plus de la moitié, plus de 15,000 vers, du long roman, du feuillet 71 où Renaud quitte les siens, au feuillet 186 où Renaud, revenu de la Terre Sainte, se fait reconnaître de Charlemagne, de ses frères et de ses fils.

Dans l’édition que j’ai sous les yeux du Fierabras provençal par Bekker (Mémoires de l’Académie des Sciences de Berlin, 19 octobre 1826), l’on a (p. 130-132) 114 vers où Renaud se décide à quitter le monde pour faire pénitence, part la nuit sans avertir sa famille et vient à Cologne où il se fait manœuvre. Le passage cité s’arrête à l’endroit où les ouvriers se plaignent de ce qu’on les paie moins depuis la venue de Renaud. J’ai constaté qu’à la suite de ce passage (p. 216) le manuscrit est incomplet. Le feuillet 217 commence par une fin de laisse qui ne continue pas la narration :

Et dame son signeur, et pensa nuit et jour
A li servir en bien sans penser nul faux tour.
Ordre de mariage est de noble valour.

Il manque au moins un feuillet tout entier où était racontée la mort de Renaud, dont il est d’ailleurs parlé dans ce qui suit, comme on le verra dans mon résumé.

F° 1, recto. Grande miniature représentant à table les quatre Fils Aymon et deux dames (leur mère et Clarice).

A.Seigneurs, or faites pais, chevaliers et barons.
Et rois et dus et contes et princes de renons,
Et prelas et bourgois, gens de religions,
Danmes et danmoiseles et petiz enfansons,
5.Clers et lais, toutes gens vivans fois et raisons,
Que nostre sire Dieux qui souffri Passions
En l’arbre de la croix pour nos remissions,
Nous veulle tous et toutes garder de mesprisons,

  1. Il n’est fait nulle part d’allusion à la Chanson de Geste si connue qui vient d’être l’objet d’une très instructive et intéressante étude de M. Coulet.