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les quatre fils aymon

expurgé le récit de tout ce qui porte l’empreinte des croyances et des usages catholiques, par exemple l’invocation ou la mention des saints, la mention de la messe ou de la confession. Les larmes, les évanouissements des chevaliers, le baiser d’adieu sont supprimés (v. p. XIX). Le récit me paraît pour l’ensemble conforme à l’édition populaire française. De même, et quoique le siège de Monbendel soit supprimé, il est dit plus loin que Charlemagne y a placé son camp. De deux différences importantes, l’une peut être attribuée à l’original français de cette traduction : l’adoubement de Renaud et de ses frères précède le choix de Lohier comme messager auprès de Beuves. L’autre est la suppression radicale de la légende pieuse finale. Dans la dernière page, l’on a le maigre sommaire suivant : Après la simple mention du combat des fils de Renaud et du châtiment des traîtres Constant et Rohart, Ganelon promet aux siens de venger leur honneur. Il devait tenir parole à Roncevaux. Renaud, sa famille et Maugis partent pour Montauban où Maugis disparaît sans qu’on sache où il est allé. Après Roncevaux, Renaud partage les terres entre ses frères et ses fils pour qu’ils vivent d’accord ; puis il tombe malade et « en peu de temps rend son âme au Tout-Puissant, ce qui causa une grande douleur à ses fils et à ses frères. Après les funérailles, ses frères repartirent pour leur pays et vécurent très honorés, comme il est dit dans une autre histoire. — Gloire et grâces à Dieu tout-puissant, amen ! L’an 1531. »

Une telle fin devait nuire à cette traduction en Allemagne où était si vivant le souvenir de Renaud, « ouvrier de saint Pierre », et on ne peut que le regretter.

Tout au commencement du XVIIe siècle, Paul von der Aelst, imprimeur à Deventer, composa, d’après l’Histoire van sent Reinolt et les Heems Kinderen, une History von den vier Heymons Kindern, etc., (Cologne, 1604) qui a été rééditée en 1887 par M. Pfaff, avec le titre de Das deutsche Volksbuch von den Heymon Kindern. L’introduction de cette édition est mise à profit par tous ceux qui s’occupent des Fils Aymon : j’y ai puisé déjà ; j’y prends encore les renseignements suivants. Parmi les remaniements modernes de la légende en Allemagne, celui de Tieck (1796) a eu seul quelque succès. Le style