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les quatre fils aymon

est celui des anciennes chroniques, les scènes odieuses sont adoucies ; Renaud meurt dans un ermitage après sa réconciliation avec Charles. Frédéric Schlegel a composé une romance sur la mort de Renaud à Cologne où il ne suit pas très fidèlement la légende. Ludwig Bechstein dans son poème Die Haimons Kinder mène le récit un peu plus loin que Tieck. Renaud, devenu ermite, retrouve Renaud : tous deux font un pèlerinage en Terre-Sainte, c’est là que meurt Maugis. Renaud, après l’heureux succès de son fils dans son duel, s’enfonce et disparaît dans la solitude de la forêt. On ne peut dénier quelques beautés à ce poème, mais il manque absolument du caractère épique. Une note de Bechstein apprend que la légende des Fils Aymon a été traitée en opéra-comique à Vienne en 1809[1].

Les versions et les remaniements néerlandais et allemands surprennent d’abord désagréablement par l’altération que subissent la plupart des noms propres.

Le Reynaldos de Montalvan espagnol procède de sources italiennes. On se rappelle comment dans Don Quichotte le sévère curé hésite à condamner le Miroir de Chevalerie où il est parlé de Renaud de Montauban et des Pairs de France, et comment Don Quichotte, après sa mésaventure avec le muletier, se démenait dans son lit, s’imaginant qu’il était Renaud l’invincible.

En Italie, il est possible que l’Histoire des Fils Aymon ait passé d’abord par la forme d’un poème franco-italien, mais il n’en est rien resté et les deux plus anciennes imitations sont un Rinaldo en prose et un Rinaldo en octaves, tous deux du XIVe siècle. M. Rajna les a fait connaître et les a étudiés de très près. Je me borne à noter que dans le Rinaldo en prose l’on retrouve des parties du Maugis d’Aigremont et que dans le Rinaldo en vers, l’emprisonnement des frères de Renaud et l’épisode de la chasse dérivent de la version B C, tandis que le combat de Maugis avec les voleurs est repris de la version L, quoique Charlemagne, éveillé à l’aide d’herbes, dérive de B C.

  1. M. Pfaff, dans son édition du Reinolt, ne peut s’empêcher de témoigner quelque surprise quand il note que Bobertag (Geschichte des Romans) voit dans Renaud de Montauban « la première victime de la démocratie sociale » (Reinolt, p. 583, no 3).