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les quatre fils aymon

M. Rajna (Nuova Antologia, 19 décembre 1879), il y avait de même à Naples de ces conteurs surnommés Rinaldi en raison du héros habituel qu’ils célébraient. L’un d’entre eux ne cessait de lire l’épopée carolingienne depuis les Reali jusqu’au Roland Furieux[1]. La tradition va d’ailleurs s’affaiblissant et ne paraissait destinée à durer qu’en Sicile[2].

Nulle œuvre poétique n’est restée si longtemps populaire en Europe. Pourquoi ne le redeviendrait-elle pas dans notre pays, si une main discrète faisait pour les Fils Aymon ce que Paulin Paris et M. Bédier ont fait, l’un pour les romans de la Table Ronde, l’autre pour Tristan et Yseut ? ou bien si quelque poète, suivant l’exemple de Tennyson, les restaurait dans leur beauté primitive ? Par l’héroïsme des caractères, par la grandeur et le pathétique des situations, par la vérité des mœurs, par l’influence qu’elle a exercée sur le développement de l’épopée, l’histoire de Renaud et de ses frères occupe une place à part dans la littérature universelle, et l’inspiration première en était si féconde que Dunlop, songeant surtout à la merveilleuse floraison de la légende en Italie, a pu écrire : « Les noms des quatre fils d’Aymes suggèrent à notre pensée tout ce qu’il y a de poésie et de romanesque dans les œuvres d’imagination[3] ».


  1. Pfaff, Livre populaire des Fils Aymon, p. xxix-xxx.
  2. Pitré, Le tradizioni cavalleresche in Sicilia, Romania, XIII, p. 315.
  3. History of fiction, I2, 460. — Je m’aperçois que j’ai omis de décrire le Maugis néerlandais. L’auteur de ce roman en prose part du Maugis français, mais s’affranchit promptement de son original, parce qu’il n’est pas retenu par la connaissance de nos Fils Aymon. Ainsi Vivien a pour fils Aymon (Aymin), le père des quatre frères, qui devient ainsi le neveu de Maugis ! Le récit est fait d’emprunts et d’inventions sans grand intérêt, n’a plus aucun caractère traditionnel. Le titre de mon édition est : Een shoone Historie van den Ridder Malegys, die het vervaarlyk Paard Ros Beyaard wan. etc. 96 pages in-4o, Amsterdam. Le permis d’imprimer est du dernier jour de février 1606. Cette composition a été étudiée par M. Huet, Romania, XXXVI, p. 495.