Page:Castets - La Chanson des quatre fils Aymon, 1909.djvu/65

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
53
les quatre fils aymon

lui promettant qu’ils abandonneraient son père et se soumettraient à lui. Ambitieux et d’ailleurs ne sachant plus que devenir depuis que les Austrasiens l’avaient repoussé, Merovig, accompagné de quelques hommes courageux qui lui étaient demeurés fidèles, partit pour Thérouanne. La trahison l’y attendait. Arrivé dans cette région alors sauvage, il rencontre non des partisans mais des hommes qui ne dissimulent plus leur projet. On l’enferme dans une maison de campagne ; des gardes en occupent toutes les issues, et des émissaires courent avertir le roi. Celui ci se met aussitôt en route. Mais son fils, se voyant prisonnier, et craignant que la vengeance de ses ennemis ne lui fît subir trop de supplices, avait déjà obtenu de Gaïlen, son frère d’armes, qu’il lui donnât la mort[1]

  1. Gregor. Turon. V, 19 (in fin.) : Vocato ad se Gaileno familiari suo, ait : Una nobis usque nunc et anima et consilium fuit : rogo ne patiaris me manibus inimicorum tradi ; sed, accepto gladio, inruas in me. Quod ille nec dubitans, eum cultro confodit. Adveniente autem rege, mortuus est repertus. Exstiterunt tunc qui adsererent verba Merovechi, quae superius diximus, a regina fuisse conficta ; Merovechum vero ejus fuisse jussu clam interemtum. Gailenum vero adprehensum, abscissis manibus et pedibus, auribus et narium summitatibus, et aliis multis cruciatibus adfectum, infeliciter necaverunt. Grindionem quoque, intextum rotae, in sublime sustulerunt : Gucilionem, qui quondam comes palatii Sigiberti regis fuerat, abscisso capite interfecerunt. Sed et alios multos qui cum eodem venerant, crudeli nece diversis mortibus adfecerunt Loquebantur etiam tunc homines, in hac circumventione, Egidium episcopum et Guntchramnum Bosonem fuisse maximum caput ; eo quod Guntchramnus Fredegundis reginae occultis amicitiis potiretur pro interfectione Theodeberti ; Egidius vero, quod ei jam longo tempore esset carus.

    Je noterai d’abord que le nombre des compagnons de Merovig qui sont désignés par leur nom est de trois, alors que les fidèles des Fils Aymon dans les Ardennes finissent par être réduits à trois. — Gaïlen. Dans son livre sur les Reali di Francia, M. Rajna rencontrant le nom de Gailone dans les généalogies, se demande s’il n’a pas été inventé par le prosateur : « dans les Reali ce personnage devient l’ancêtre (capostipite) de cette troupe innombrable de traîtres qui envahissent nos romans, surtout ceux où il s’agit de Renaud. L’auteur explique sans grand peine comment la race perverse se trouva tellement multipliée au temps de Charles : Ces fils de Gailone eurent plus de soixante-dix enfants entre légitimes et batards. (VI, 71). » Pio Rajna, I Reali di Francia, Bologna, 1872, p. 280. L’auteur des Reali qui disposait d’anciens textes français aujourd’hui perdus, a pu rencontrer un Gaïlen qualifié de traître en raison et de son acte et du supplice qui lui fut infligé. L’altération elle-même du mot paraîtra insignifiante à qui a feuilleté les Reali.