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appendice

60Son viaire esgratine, sa coulor met à mal
Et regrette Amaugis, son boin ami loial :
« Ahi ! se fussiez chi, le boin Maugis vassal,
Ne nous fausist vitaille en nesun temporal. »

Là dessus il se pâme. On mange le cheval. Cela dura quinze jours. Guichard propose de sacrifier Bayard

« Je cuit qu’il n’a si cras dessi à Montpellier. »

Mais Renaud n’y consent pas, et conseille de tuer le cheval de Richard. Richard accepte.

Ils ne savent que devenir. Et Renaud constate que l’on jeûne depuis huit jours. À ces mots

La ducoise se pasme, souvent mue coulour.
Aymonnet et Yvon .c. fois caient le jour.
« Ahi ! pere, font il, car nous faites secours.


86 recto A. Renaud s’arme et va trouver son père.

Aimes le fait manger. Son sénéchal charge sept bons chevaux de vitaille.

Quand Renaud revient, avec son convoi de provisions, les fils Aimon sont dans la joie. Renaud porte à manger au roi Yon que l’on gardait en prison « en fors buies pris ». Clarisse blâme Renaud. Les provisions durent un an. On se désespère de nouveau.

On tue le cheval de Guichard. Nouvelle crise de faim.

Mais Jhesus lor aida qui de l’iaue fit vin
Le jour as nœchez de saint Archedeclin.

Charles fait redoubler l’attaque, mais Aimes consulte ses barons. Il leur demande de lancer dans la tour « bacons et fouachez deugiez ».
87 recto A On secourt ainsi les Fils Aimon.

Charles ne comprend pas qu’ils puissent résister encore. Il sent qu’il est trahi.

« Sire, dist Berengiers qui li cors Diu cravent ;
Fiex estoit Guenelon, le cuivert souduiaut,
Boins roys, or m’entendez, dirai vous, mon samblant :
Savez qui che a fait, emperere puissant,
Que Renaus et sez freres va lassus maintenant ?
Ch’est par Aimon, lor pere, qui les aime forment ;
Quant [il] doit ruer pierres, bacons lor va ruant,
Pain, gastiaus, blé et claré et puiment,
Tant que asses en ont lassus el mandement. »
« Est che voir ? » dist li roys « Oïl, par S. Amant.
Je l’ai fait espier, sel sai chertainement. »