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Pralhada, car il est présent, puisqu’il est partout. — S’il est partout, reprit le géant malfaisant, il sera dans cette colonne ; je vais m’en assurer. Et tirant sa grande épée, il fendit en deux le pilier de pierre. Soudain, du centre de la colonne s’élance le puissant Vichnou, transformé en homme à tête de lion, qui, saisissant en rugissant le blasphémateur éperdu, l’entratne dans l’intérieur de sa colonne où il l’étrangle. Cela eut lieu pendant le crépuscule, temps où il n’est pas jour, bien qu’il ne soit pas nuit ; dans l’intérieur d’une colonne, c’est-à-dire ni dans la terre, ni dans le ciel ; par un homme-lion, qui n’était par conséquent ni dieu, ni homme, ni bête ; enfin, il périt étranglé, mais sans aucuns coups ; de sorte que la promesse de Brahma lut tenue sans être violée. Depuis cette époque, le peuple hindou est réputé sans égal en inventions et en subtilités sans pareilles. Le peintre a choisi le moment où la colonne s’ouvrant laisse voir le nara-singha à tête de lion blanc sans crinière, espèce aujourd’hui disparue des Indes ; elle est entourée d’une auréole rayonnante ; à son cou le cordon brahmanique ; il a saisi dans son étreinte l’impie dont l’épée inutile gtt à terre, et de ses deux mains il serre le lacet rouge qui va le priver de la vie. Pralhada détourne la tête pour ne pas être témoin de ce spectacle. Ce châtiment exercé envers l’impie et le blasphémateur, afin de maintenir les peuples dans les sentiments de vénération que doit inspirer la divinité, est devenu l’objet d’une fête commémorative qui se célèbre à l’aube du jour de la nouvelle lune du mois d’octobre.

9. Le cinquième Avatara de Vichnou en nain, vamana, d’où vient le nom de Vananavatara donné à cette cinquième incarnation. Après la mort funeste d’Hiranaya-Kachipou, son pieux fils Pralhada lui succéda ; mais Bali, son petit-fils, se mit à suivre les mauvais exemples de l’impie Kachipou et voulut se faire adorer lui-même. Vichnou s’incarna sous la forme d’un brahmine nain. Un jour, le petit brahmine se présenta an palais de Bali et lui demanda un don. Bali voulut bien condescendre à sa demande et y engager sa parole, et, pour assurer et ratifier la donation, il versa de l’eau, suivant la pratique du pays, sur la main droite du donataire. Le petit brahmine ne sollicitait que trois pas de terrain, ce qui lui fut accordé ; mais alors le nain mystérieux, développant un corps immense, mesura toute la terre d’un pas, tout le ciel de l’autre, et dn troisième il allait embrasser les enfers, quand le géant, tombant à ses genoux, reconnut en tremblant le pouvoir divin. Vichnou, touché de s&soumission et de son repentir, lui abandonna la souveraineté du Patalam ou de l’enfer, sombre royaume des régions inférieures. Celle aventure a fait donner à Vichnou le nom de Trivicrama ou dieu aux trois pas. Le