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fourneaux. Cependant, nonobstant la cherté des vivres, King-té-tchin est l’asile d’une infinité de pauvres familles qui n’ont point de quoi subsister dans les villes des environs. On trouve à employer les jeunes gens et les personnes les moins robustes. Il n’y a pas même jusqu’aux aveugles et aux estropiés qui n’y gagnent leur vie & broyer les couleurs. Anciennement, dit l’histoire de Feou-leam, on ne comptait que 300 fourneaux à porcelaine dans King-té-lchin ; présentement, il y en a bien 3,000 U n’est pas surprenant qu’on y voie souvent des incendies ; c’est pour cela que le Génie du feu y a plusieurs temples. Le culte et les honneurs qu’on rend à ce Génie ne rendent pas les embrasements plus rares. Il y a peu de de temps qu’il y eut 800 maisons de brûlées. Elles ont dû être bientôt rétablies, à en juger par la multitude des charpentiers el des maçons qui travaillaient dans ce quartier. Le profit qui se tire du louage des boutiques rend ces peuples extrêmement actifs à réparer ces sortes de pertes. King-té-tchin est placé dans une plaine environnée de hautes montagnes. Celle qui est à I Orient, et contre laquelle il est adossé, forme en dehors une espèce de demi-cercle ; les montagnes qui sont à côté donnent issue à deux rivières qui se réunissent ; l’une est assez petite, mais l’autre est fort grande et forme un beau port de près d’une lieue dans un vaste bassin, où elle perd beaucoup de sa rapidité. On voit quelquefois dans ce vaste espace jusqu’à deux ou trois rangs de barques à la queue les unes des autres. Tel est le spectacle qui se présente à la vue lursqu’on entre par une des gorges dans le port : des tourbillons de flamme et de fumée, qui s’élèvent en différents endroits, font d’abord remarquer l’étendue, la profondeur et les contours de King-té-tchin : à l’entrée de la nuit, on croit voir une vaste ville toute en feu ou bien une grande fournaise qui a plusieurs soupiraux. Peut-être rette enceinte de montagnes forme-t-elle une situation propre aux ouvrages de porcelaine ? »

Durant le règne de Yong-tching (1723-1735), la direction de la manufacture impériale était confiée à Nien., qui, grâce au soin qu’il apporta dans le choix des matières premières employées, fit des porcelaines d’une très-belle qualité. Son collaborateur Tchang-kong surpassa tous ses prédécesseurs en 1736 par l’importance de ses inventions. Ces deux hommes remarquables eurent longtemps la direction des manufactures impériales. L’empereur Khiuti-long, enchanté de la beauté des articles faits par Tcbang et des améliorations qu’il avait introduites, lui ordonna par un décret spécial de publier en vingt-deux planches, accompagnées de texte explicatif, tous les procédés employés dans la fabrication et l’ornementation de la porcelaine. C’est là le point de départ des dessins qui sont arrivés en Europe. L’exemplaire de la collection du président de Robien