Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, I.djvu/351

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de crier vers moi dans leurs saintes oraisons, pour que je leur pardonne, n’ayant de douleur que de l’offense qui m’est faite et du tort que leurs insulteurs ont fait à leur âme, sans aucun souci de leur propre injure. Ils se redisent la parole de Paul, mon glorieux apôtre : Le monde nous maudit, et nous, nous bénissons : il nous persécute et nous lui disons merci. On nous jette dehors comme l’ordure et la balayure du monde, et patiemment nous nous laissons faire (1 Co 4, 12-13).

Voilà, ma fille bien-aimée, à quoi l’on reconnaît que l’âme a quitté l’amour imparfait et est parvenue à l’amour parfait. De tous ces signes, le plus démonstratif est la vertu de patience qui la fait marcher sur les traces du doux Agneau immaculé, mon Fils unique. Sur la croix, où le tenaient attaché les clous de l’amour, il ne se laissa point détourner de son sacrifice par les défis des Juifs qui lui criaient " Descends maintenant de la croix et nous croirons en toi (Mt 27, 42)." Votre ingratitude ne l’empêcha point non plus de persévérer dans l’obéissance que je lui avais imposée, et si grande fut sa patience, qu’il ne fit pas entendre le moindre murmure. Tel est le modèle et telle est la doctrine que suivent mes fils bien-aimés et mes féaux serviteurs.

Par caresses ou par menaces le monde voudrait bien les retirer de cette voie. Mais ils ne s’arrêtent point à détourner la tête, pour regarder le sillon ; ils n’ont d’yeux que pour l’objet de ma Vérité. Ils ne