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Page:Cavallucci - Bibliographie critique de Marceline Desbordes-Valmore, tome 1.pdf/104

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POÉSIES DE 1830

90 POÉSIES DE 1830 qu’il me demande et j’attends… L’inquiétude succède par de- gré à ma confiance. J’entends mal parler de ce Durand. J’écris deux lettres à ce M. Malher ; pas de réponse. Notre député M. Jars part pour remplir sa mission et, plein de bonté pour nous, va chez les libraires. Il apprend que M. Malher, après avoir consenti au prix demandé, mais ne voulant traiter qu’avec moi, n’a plus revu ce chargé de mes pouvoirs dont il vient d’imprimer un cours d’éloquence. Enfin, c’est chez M. Ambroise Dupont que quelques renseignements le dirigent. Là, en effet, il a vendu le manuscrit pour mille francs et pour toujours. Cette somme reçue en billets à son ordre, il a disparu et je viens d’apprendre ce malheur, il y a trois jours, par M. Ambroise Dupont lui-même qui voyage dans le midi avec M. Tastu….. "Cet homme qui nous a tant trompés, a du talent. Il s’était fait le fondateur d’une Académie à Lyon. Il avait ouvert un cours d’éloquence. Il a l’air bon comme le pain, et il parle de la vertu avec des larmes dans les yeux. J’ai su de terribles détails depuis quelques jours. Il doit ici plus de 20.000 francs qu’il enlève d’une manière honteuse. J’avais encore le bonheur de croire que de tels êtres n’existaient pas. "M. Dupont, qui me paraît touché de ma confiance trop grande et par contre de la sienne propre, m’a offert 500 francs et la rupture de l’acte qui me lie pour la vie. Il fera une édi- tion à ses frais et me laissera ensuite la propriété des vers. J’en ai écrit à M. Jars que j’avais chargé de pouvoirs illimités, et son avis réglera ma conduite ; car c’est un homme de let- tres, et bon pour nous, comme vous, Monsieur, (1). Comme le libraire Ambroise Dupont ne se pressait pas de refaire le traité qu’il avait annulé, Marceline lui écrivit, le 29 mars 1828, pour lui rappeler sa promesse. Elle lui envoyait (1) Dans une lettre adressée de Lyon à Gergerès, le 6 avril 1828, Marceline donne une version quelque peu différente de cette histoire et en raconte le dé nouement. On notera que le manuscrit a été vendu 100 francs et non mille, comme dans la lettre à Duthilloul. " Le manuscrit est vendu pour toujours, à vil prix. Ce prix disparaît avec l’infortuné ; car il faut l’être pour en tromper d’autres. Enfin, j’attends. Je ne vois, après deux mois d’un silence accablant, qu’un libraire voyageur (Ambroise Dupont) qui vient en passant, me demande si j’ai reçu le prix… de ce traité, et il me montre cette triste conviction de ma doulou-