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Page:Cavallucci - Bibliographie critique de Marceline Desbordes-Valmore, tome 1.pdf/153

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LES PLEURS 139 vente au mois de mai suivant (1). Charpentier avait payé le volume 750 francs. " Il est bien marchand, M. Charpentier ! écrivait cette pauvre Marceline à son ami Gergerès. Pourtant je lui dois cette obligation de m’avoir acheté les Pleurs dont personne ne voulait. 11 Il semble que le titre de ce volume exprime la tristesse et le dégoût que causait à Marceline son séjour à Lyon. Elle y habita lontemps, " rue Clermont, une maison qui faisait angle avec la rue Lafort, et c’était pour elle une torture d’assister de sa fenêtre et, comme malgré elle, à l’exposition publique des insurgés, condamnés aux travaux forcés ou aux exécutions capitales, qui avaient lieu sur la place des Terreaux., , (Eugène Vial, Mme Desbordes Valmore et ses amis lyonnais). Voici d’ail- leurs, cueillies dans la correspondance de Marceline, quelques phrases qui ne permettront plus de douter de la vie de caucheinar que la poétesse dut mener à Lyon : "Nos jours sont pleins de pluie, et les nuits, lourdes del brouillard, jettent sur les êtres délicats et nerveux un poids de tristesse et d’angoisse impossible à soulever… Et je loge vis-à- vis une prison, sur une place où l’on attache des hommes à ce poteau, plus triste que le cercueil…, , (A Lepeytre). "Ah ! Gergerès, que Lyon est sale et bruyant ! On dirait l’Univers qui s’agite dans la boue et dans la soie. Partout des toiles d’araignées et des rubans nouveaux ; une poussière noire et grasse, sur laquelle s’étend de la gaze et des fleurs…… (Lyon, 1829). "Il pleut dans ce moment comme quand vous avez quitté Milan. Jugez de Lyon sous cette avalanche d’eau. Il n’en sera pas plus propre, car on dit que le déluge seul pourra laver cette ville d’où sortent tant de gazes et de rubans délicieux… (Lettre inédite à Mle Mars, Bibliothèque de Douai). "Tu n’as pas idée de la misère, ne l’ayant pas vue à Lyon : elle est plus maigre et plus noire qu’ailleurs et ne se lave qu’avec du sang." (Au sculpteur Bra). 11 (1) Les Pleurs sont enregistrés dans la Bibliographie de la France du 18 mai 1833 sous le N° 2702. Nous y apprenons que ce volume a été mis en vente à 6 francs.