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Page:Cavallucci - Bibliographie critique de Marceline Desbordes-Valmore, tome 1.pdf/158

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144 LES PLEURS "La première fois qu’elle me parla, j’étais enfant ; la voix était douce et naïve : je la pris presque pour celle de ma mère. Elle me dit : Quoi ! Daniel, à six ans vous faites le faux brave "Plus tard, à l’âge où l’homme commence à se sentir vivre, où des souffle brûlants lui passent sur le cœur à l’aspect d’une femme, où tout le langage mystérieux de la créa- tion ne murmure à son oreille qu’un mot:Amour ! et où son cœur le répète comme un écho à chacun de ses battements, j’entendis de nouveau cette voix éolienne, tendre et mélanco- lique, tendre comme celle d’une amante; cette voix qui disait : LE PRINTEMPS. Le printemps est si beau ! sa chaleur embaumée "Et maintenant que plus avant dans la vie, après avoir laissé à chaque pas de cette rude montagne que nous gravis- sons, une espérance, une illusion, un bonheur ; maintenant qu’arrivé haletant et fatigué au sommet de la jeunesse, je dé- tourne les yeux des débris qui jonchent ma route pour étendre ma vue vers le côté grave de l’existence ; maintenant qu’il me faut dire adieu aux folles joies et aux jeunes amours, aux lon- gues rêveries, avant que je ne m’engage dans le sentier aride, ô ma harpe éolienne ! un dernier son ; ô ma voix inconnue ! un dernier chant, un son mélancolique, un chant de souvenir. J’écoute. Ondine, enfant joyeux qui bondis sur la terre "O ma voix amie ! merci ; car votre dernier chant est le plus doux de vos chants. ALEX. DUMAS. "