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Page:Cavallucci - Bibliographie critique de Marceline Desbordes-Valmore, tome 1.pdf/179

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avec colère l’aveu qu’elle croyait avoir compris si bien, le broyer, le tordre dans ses doigts contractés d’une sourde irritation, et comme s’il s’amusait à la manière des enfants qui détruisent pour observer, suspendre la fleur fanée au-dessus de la lampe, comme au dessus d’un bûcher, l’y consumer patient et curieux ; suivre les convulsions de chaque feuille refoulée sur elle-même, par l’action corrosive du feu, en recueillir la cendre au creux de sa main, et la disperser ensuite au souffle de son haleine puissante, aussi content de lui que s’il avait fait la plus belle chose du monde. »

Clément XIV et Bertinazzi est un roman de Latouche, publié en 1827, que Marceline trouvait « d’un charme indéfinissable ». Ramond, auteur de la première épigraphe, est le charmant Ramond de Carbonnières (1755-1827) auteur d’ouvrages de botanique et d’un célèbre Voyage au Pic du Midi et au Mont Perdu.

34. Elle est aux cieux, la douce fleur des neiges (NADÈGE).

Cette poésie est datée « Rouen 1832 » dans l’Album n° 11 de la Bibliothèque de Douai.

Le Dictionnaire des Comédiens français de M. Henry Lyonnet contient une notice fort intéressante sur Nadège : « Mme Fusil raconte dans ses Souvenirs que, auprès de Vilna, pendant la retraite de Russie, elle trouva un enfant dans la neige à côté de cadavres. Elle la recueillit et la fit élever à Luxembourg chez des parents. La légende était créée. Dès qu’elle le put, elle fit de l’enfant un petit prodige, la produisit sur toutes le scènes bien avant l’âge de raison. Nadège joua la comédie à Potsdam, devant Frédéric Guillaume. À quatorze ans, elle débutait à l’Odéon (22 février 1824) dans Lisinska, rôle d’une bohémienne ; chanson et danse russe. Trois ans après, elle débutait au Théâtre Français, et la presse accueillit la nouvelle ingénue avec bienveillance. Mais Nadège à qui l’on reconnaissait de l’intelligence, du goût, de la tenue, ne reste pas à la Comédie Française ; elle voyage beaucoup. Enfin, la voici engagée à Rouen, 1830-1832… La santé de la pauvre enfant n’avait été toujours que bien fragile et elle s’éteignait le 9 août 1832