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Page:Cavallucci - Bibliographie critique de Marceline Desbordes-Valmore, tome 1.pdf/180

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à Rouen, emportée par une maladie de poitrine. Le Courrier des théâtres du 14 août reproduisit le bel article nécrologique de l’Écho de Rouen. Mme Desbordes-Valmore qui avait connu Nadège à Rouen, écrivit une épitaphe poétique pour la tombe de cette malheureuse jeune fille (Histoire du théâtre de Rouen).

« On s’est demandé quels liens véritables attachaient Louise Fusil à Nadège. Et M. Paul Ginisty nous a rapporté la version de Régnier. Quand Fusil fut à son lit de mort, sa femme, qui était toujours restée en bons termes avec lui, alla le voir. Elle avait une confession à lui faire et venait chercher son pardon. Nadège n’était pas une orpheline, mais sa propre fille à elle, née de sa liaison avec un officier russe. Le moribond, à cette révélation, tenta de se soulever, et rassemblant ce qui lui restait de forces : « Fiche-moi la paix ! » s’écria-t-il. Se non è vero… »

35. Pauvre exilé de l’air, sans ailes sans lumière (LE ROSSIGNOL AVEUGLE. À Madame Caroline Branchu).

Publiée d’abord dans l’Almanach des Muses de 1832.

« Caroline de Lavit, née à Saint-Domingue en 1780, était fille d’un mulâtre. Sa famille étant venue en France, Caroline apprit le chant au Conservatoire et remporta deux prix. Elle joua quelque temps salle Feydeau, puis elle débuta à l’Opéra dans Œdipe à Colone de Sacchini (1801) ; elle y créa triomphalement la Vestale (15 déc. 1807) et Fernand Cortez (1809). Caroline avait épousé en 1804 le danseur Branchu qui mourut fou ; elle n’en continua pas moins d’être la maîtresse de Garat, son professeur de chant, d’avoir des faiblesses pour le violoniste Kreutzer et d’agréer les « hommages prolongés » de Napoléon. En 1826, elle quitta le théâtre et se retira à Orléans. Il semble que Madame Desbordes-Valmore ait connu Caroline Branchu en 1807 (lettre publiée par J. Boulenger) ; il est possible, cependant, qu’elle l’ait rencontrée plus tôt à Rouen, en 1803 ou en 1806. En tous cas, une véritable intimité ne s’établit entre les deux femmes que dans les derniers mois de 1831. Caroline venait d’être abandonnée par un amant, plus jeune qu’elle de dix-huit ans, le docteur Pierquin de Gembloux qui « par intérêt allait épouser une bête ». À l’exemple de Marceline et de