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Page:Cavallucci - Bibliographie critique de Marceline Desbordes-Valmore, tome 1.pdf/186

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172 LES PLEURS Aimé de Loy, encore une victime du romantisme ! L’exis- tence la plus aventureuse et la plus tourmentée. Docteur ès lettres et en droit, il semblait fait pourtant pour une vie régulière. Il était né en Franche-Comté, il avait là-bas une famille, une femme, des enfants… Mais une sorte de fatalité lui faisait tout oublier. Il allait de ville en ville, frappant aux portes, troubadour attardé, bien accueilli parfois, chassé plus souvent. Il voyage ainsi à travers la France, la Suisse, l’Alle- magne, le Portugal, le Brésil, fantasque et enthousiaste, avec des élans de gaîté et de mornes découragements, passionné de poésie, d’ailleurs, et vraiment poète. En 1827, un éditeur lyonnais avait publié de lui des Préludes poétiques. Mais il ne pouvait faire autre chose que préluder. Sa folie le reprit. Au lendemain de sa mort, quelques amis réunirent ses poé- sies éparses, Feuilles au vent (Jules Marsan. Marceline Des- bordes-Valmore et G. Charpentier. Mercure de France, 15 avril 1921). Dans son ouvrage sur Mme Desbordes-Valmore, M. Eugène Vial nous apprend, en outre, qu’Aimé de Loy "ouvrit un cours de droit à Douai, rédigea le Mercure Ségusien à St Etienne, le Mémorial de la Scarpe à Douai, et la Revue de St Etienne., , M. Fernand Vandérem croit aussi que ce poète aima Mme Desbordes-Valmore d’un amour qui ne fut payé que d’affection. (Bull. du Bibliophile, 1930). C’est aux recommandations de Marceline qu’Aimé de Loy dut d’être reçu à Douai. Marceline ne tarda point, d’ailleurs, à s’en repentir ; car là comme partout, le poète ambulant com- mit de graves indélicatesses. Nous avons retrouvé dans le fonds de Douai une lettre inédite adressée à Duthilloul où Marce- line s’excuse d’être la cause indirecte de l’un de ces manque- ments à l’honneur : "Votre lettre, Monsieur, m’a jetée dans une consternation que je ne peux vous peindre. Au milieu du tumulte et de la fatigue de notre effrayant voyage, je vous avoue que j’ai été frappée du plus triste étonnement à cette nouvelle découverte de la perversité humaine. Valmore en a perdu la parole, et le regret que ce soit sur vous que tombe une telle indignité,