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Page:Cavallucci - Bibliographie critique de Marceline Desbordes-Valmore, tome 1.pdf/19

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POÉSIES DE 1819

« Si, comme j’aime à le penser, vous m’honorez de quelque estime et d’un peu d’intérêt, vous approuverez le premier la résolution où je suis de ne pas me donner de prétention. par la publication de choses si médiocres. Je m’en suis consolée au moment même par l’idée qu’elles avaient distrait quelques heures douloureuses dans ma vie et par l’idée aussi de leur devoir quelques lettres de vous, Monsieur, et le droit de me dire, en tous les temps, votre reconnaissante et affectionnée servante.

Mme Desbordes-Valmore

« Soulignez-moi pourquoi deux hommes d’esprit, pleins de sens et de raison, d’expérience et de talent, m’engageaient à une imprudence. Encore un peu, j’allais me croire un petit personnage. Je ne vous pardonne à tous deux que si vous m’aimez vraiment assez pour me dire que vous avez eu tort. »

Il n’a donc tenu qu’à un fil, ainsi que l’écrit M. Fernand Vandérem qui a publié cette lettre dans le Bulletin du Bibliophile du 20 juin 1935, « que cette femme de génie sombrât dans le silence et que ses poèmes s’arrêtassent à jamais à leurs premiers balbutiements. »

Cependant, Marceline céda à l’affectueuse insistance du docteur Alibert, et le mois suivant (16 avril 1818), elle écrivait au libraire Louis :

« Monsieur,

« J’ignore si l’usage veut deux signatures ; mon mari donne la sienne pour plus de poids. Voilà qui est fini.

« Vous recevrez donc l’acte par cette lettre, et ce qu’il vous assure, par la diligence ou quelque occasion prompte et sûre.

« Je m’arrêterai présentement sur votre lettre et vous rends grâce de m’appliquer ce trait d’amour oriental. Je l’ai trouvé d’une délicatesse touchante. Il vaut, je crois, toutes les étoiles du ciel pour celle qui l’a inspiré : un sentiment vrai d’amour, d’amitié, d’estime, est à mes yeux le plus beau présent pour certains cœurs.