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Page:Cavallucci - Bibliographie critique de Marceline Desbordes-Valmore, tome 1.pdf/196

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182 1 LES PLEURS passage par la sonnerie d’une cloche qu’ils portaient et ensuite par ce cri : Éveillez-vous, gens qui dormez, Priez Dieu pour les trépassés ! "Le 21 septembre 1792, sur l’invitation de la Société Po- pulaire, la municipalité mit fin à cet usage incommode. La ballade de notre célèbre compatriote est une allusion à cette ancienne coutume. Au chapitre XVI de l’Atelier d’un Peintre, écrit M. Ber- trand Guégan (II, p. 408), l’oncle Constant raconte comment la famille Desbordes célébra la fête des Rois le 6 janvier 1796. Constant était arrivé de Paris en compagnie de deux cama- rades douaisiens, et la petite Marceline, revêtue de la robe noire de son aïeule, avait élu pour roi le joyeux et "infati- gable, Martin. Tous buvaient et riaient quand "le crieur de nuit, Bisian, de lugubre mémoire, dont le ministère avait été aboli à l’aube de la Révolution, rentrant chez lui fort tard, transfuge de quelque cabaret, trouva plaisant de nous glacer d’effroi ou peut-être de se faire jeter une part de notre gâ- teau, pour le prix de sa lamentable sérénade. Il courut, en toute hâte, au pied du rempart où logeaient sa misère et sa cloche, dont le son terrible nous fit bientôt, et tout à coup bondir d’étonnement et de souvenir. Planté devant la maison de votre père, si bien connue des pauvres, il ressaisit dans le passé toute la splendeur de ses poumons, pour hurler en dépit des Ordonnances: Éveillez-vous, gens qui dormez, Priez Dieu pour les trépassés !….. Le fou, qu’avait élu Marceline, fut frappé de stupeur. Il regarda l’assistance d’un air hagard, marmonna la complainte du crieur de nuit, puis il tomba à terre et fut saisi de con- vulsions. L’oncle Constant courut réveiller le curé; mais quand celui-ci arriva, il ne bénit qu’un cadavre. 56. La rivière est amoureuse (UNE ONDINE).