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Page:Cavallucci - Bibliographie critique de Marceline Desbordes-Valmore, tome 1.pdf/227

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PAUVRES FLEURS 213 sont développés dans vingt lettres où Marceline se défend des accusations de son mari et lui prouve l’inanité de sa jalousie maladive. "Ta lettre, lui écrit-elle le 18 novembre 1832, m’a rapportée à des temps de torture et de malheur, qu’il ne faut pas réveiller puisque j’ai pu y survivre Quoi ! j’impose, moi ! moi, si écrasée alors dans le sentiment de dédain que je croyais t’inspirer !… Peux-tu trouver le moindre rapprochement dans l’égarement solennel de deux êtres qui ont voulu s’unir et s’aimer et se rendre heureux avec les tracasseries jalouses d’une mère aigrie par de petites prétentions d’autorité menacée ?.. Tu m’as vue souvent à travers les jugements très troublés de ta maman… 11 Quelques jours après, il faut encore qu’elle se défende et qu’elle se justifie : "Je lis et relis ce que tu as la cruauté de me dire sur ma tendresse ; je pleure et je t’accuse dans mon étonne- ment. Quoi ! cette pénible patience de t’avoir caché mes tourments n’est pas mieux payée, cher et ingrat ami ! Des éclats qui t’eussent rendu malheureux, que je redoutais pour ton repos… et puis qui me semblaient devoir t’éloigner encore de moi, tu as pris tout cela pour de la froideur ! Ah ! c’est trop déchirant ! et pourtant on eût profité de cela peut-être pour t’arracher à moi ? J’ai manqué d’en mourir et d’étouffer de silence. Tu n’as rien compris, aveuglement d’un cour dont j’ai cru si longtemps être effacée !.. Tu ne vois pas clair sur toi-mème, et moi ! j’ai été aussi bien défiante. Quoi ! tu m’aimais, Prosper, tu m’aimais !… tu me le diras cent fois, j’ai tant besoin de l’espérer !, , (1 décembre 1832). Le lendemain Marceline affirme que ce sont les joies et les souffrances d’autres femmes qu’elle a décrites dans ses vers : "…Ces poésies qui pèsent sur ton cœur soulevent maintenant le mien de les avoir écrites. Je te répète avec candeur qu’elles sont nées de notre organisation. C’est une musique comme en faisait Dalayrac ; ce sont des impressions observées chez d’autres femmes qui souffraient devant moi. Je disais : "Moi, j’éprouve- rais telle chose dans cette position, , , et je faisais une musique solitaire, Dieu le sait., , (2 décembre 1832). Sept ans après, Valmore ne lui aura point encore pardonné certains poèmes, et Marceline de lui écrire : "Si tu vas chercher