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Page:Cavallucci - Bibliographie critique de Marceline Desbordes-Valmore, tome 1.pdf/241

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PAUVRES FLEURS Pauline ! Dans une lettre que Marceline adressait à son mari le 8 novembre 1839, nous relevons ces lignes : "…Songe que plus tu fuiras le monde, plus tu en auras peur. Ne prends rien dans l’excès, s’il t’est possible. Dieu ne nous hait pas plus que d’autres ; il m’aime par toi, je le sens à la consolation douce et profonde qui m’arrive avec tes lettres. Ne fuis donc pas des rapports bienveillants qui rompent la monotonie des cha- grins. Songe, mon bon Prosper, que ce goût d’un entier reti- rement est une maladie de l’âme qu’il faut s’ordonner de com- battre, pour ceux même à qui l’on est si cher ! Je vois Mme Duchambge dévorée maintenant de ce dégoût amer qui suit les grandes déceptions. Mme Branchu se laisse choir tout à plat dans cette chambre noire. Moi, s’il faut te l’avouer, je suis prise depuis les pieds jusqu’à la tête par cette lassitude morale., , Dix ans après, envoyant un cadeau à Pauline, Marceline lui rappelle les premiers vers de cette pièce : Tu penseras à moi, sous ces humbles tissus. Mais, 227 Quand tu te ferais sœur grise, Un bandeau blanc sur les yeux… "Et moi aussi. Tu sais la suite dont les mots m’échappent, mais qui devaient dire : Nous pleurerons toujours, nous pardonne- rons et nous tremblerons toujours. Nous sommes nées peupliers. "Ecris-moi un mot. J’ai eu de grandes tristesse et la fièvre. Mon cœeur est plein de toi., , (5 juillet 1849). En 1857, Marceline, cherchant à consoler son amie Pauline Duchambge, ne lui disait pas de choses bien différentes de celles qu’exprimait la pièce de Pauvres fleurs : " Ce qu’il y a de terrible, c’est la quantité prodigieuse de femmes dans la même position. Elles ne savent où poser leur existence. J’en vois !… Mais cela ne m’encourage que plus, pour tâcher de n’être pas inutile à de si chères infortunées. "Toi qui ne fais pas autre chose, comment pourrais-tu jamais dire de la vie : "C’est assez !, , Ah ! Pauline ! ce n’est jamais assez quand on aime et quand on est aimée comme toi ! A toujours done !, (18 janvier 1857. Lettre inédite de la Bi- bliothèque de Douai).