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Page:Cavallucci - Bibliographie critique de Marceline Desbordes-Valmore, tome 1.pdf/244

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230 PAUVRES FLEURS (1

Je tâche de tromper mon étoile qui m’entraîne où je ne veux pas. J’ai toutes sortes de causes de haïr le pays où nous retournons, et le choléra va me rendre ce voyage ou mortel ou affreux. Nous sommes tant à trembler l’un pour l’autre ! Enfin l’engagement de mon mari est fini, celui de Rouen commence : il faut s’en aller en aveugle au-devant de la volonté de Dieu ! lamentable c’est ainsi Quatre ans après cette " fuite, , que Marceline qualifiait le départ des Valmore dans le Musée des Familles, la poétesse écrivait à son mari : " J’ai revu cette ville, mon ami, et je suis contente que tu sois à Paris, même au risque de t’ennuyer seul et sans moi… Mais Rou n’a qu’un tas d’épines sous mes pieds, et je t’avoue que j’y suis malade depuis que je suis rentrée dans toutes ces froi- deurs. (Rouen, 22 juin 1837). "} "Cette ville, toute moyen âge, écrira-t-elle encore à Le- peytre en 1842, est hérissée pour moi de souvenirs durs comme des pointes de fer. J’avais quinze ans, lorsque j’y suis entrée avec une de mes scœurs et mon père : c’est quand je revenais d’Amérique. Là, j’étais la petite idole de ce peuple encore sauvage et qui sacrifie tous les ans deux ou trois artistes, comme autrefois des taureaux. Moi l’on me jetait des bou- quets, et je mourais de faim en rentrant sans le dire à per- sonne. De là et d’un travail forcé pour cet âge, une santé chancelante à travers la vie orageuse qui a suivi…, , (9 juil- let 1842). - En 1834, les éditeurs Charpentier et Dumont avaient publié : Les Veillées d’hiver, un Keepsake où figurent trois petits contes de Marceline, réunis sous le titre : Le nain de Beau- voisine, et qui lui ont été inspirés par son séjour à Rouen. Le premier de ces contes décrit l’"exécution, de Valmore au théâtre des Arts. Les trois années qui suivirent cette exécution sont mar- quées, pour Marceline, par une grande fatigue et une lassitude immense ; il est vrai que le malheur ne cessa de la harceler. Voici des fragments de trois lettres écrites de Lyon, à un an d’intervalle ; Marceline y confesse son découragement à la pauvre