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Page:Cavallucci - Bibliographie critique de Marceline Desbordes-Valmore, tome 1.pdf/245

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PAUVRES FLEURS 231 Caroline Branchu : "… Trois mois de perdus au théâtre toujours fermé par l’immense faillite de M. Leconte qui est en fuite. Nous sommes réduits à l’extrême misère, et si je déchire ton amitié par cette, confidence, mon ange Caroline, c’est pour te prier, si tu peux, de trouver dans quelques-unes de tes con- naissances à vendre les meubles que ta fille veut bien me garder… Tu vois, ma Caroline, que je pressentais tout mon sort en quittant Paris, et que, comme toi, le malheur tient mon âme pour l’éprouver jusqu’au bout. Il y a de grands mystères dans nos grandes douleurs, mon amie, et il faut attendre ! Lutter avec un corps faible et brisé contre cet ouragan qui nous a prises depuis si longtemps pour victimes…, (Lyon, 14 septembre 1834). . Va, Caroline, nous sortons par lambeaux de ce monde, et nous n’avons jamais raconté nos dernières larmes à ceux qui pleurent comme nous. Le bûcher sur lequel je t’ai vue t’étendre ne s’effacera jamais de ma mémoire, à force que tu y étais triste et belle ! Ah ! Caroline ! c’est là qu’il fallait mourir, toutes deux peut-être, pour n’emporter que la poésie des dou- leurs qu’il nous était imposé de subir plus tard. Que de pres- sentiments dans tes cris sublimes et dans mes sanglots en te regardant !, , (Lyon, 7 juin 1835). "… J’ai le vertige de toutes ces terreurs profondes ; mais elles me font croire au ciel plus encore que le bonheur, toujours fuyant comme de l’eau. Oui, nous passons à travers cette route pour lutter et souffrir, et l’on nous regarde d’en haut marcher sous toutes nos flèches. Tout sera bien, Caroline, sois sûre, nous bénirons nos peines…, (Lyon, 24 octobre 1836. Lettres publiées par Benjamin Rivière). Dans une lettre que Marceline écrivait à Pauline Du- chambge trois ans après avoir composé l’Affliction, nous re- trouvons un écho du vers 73 de ce poème : "Vraiment ! le pardon calme à défaut d’espérance. » Mais voici cette lettre : "… Tu es triste ! Ne sois pas triste, mon bon ange, ou du moins lève-toi sous ce fardeau de dou- leurs que je comprends, que je partage. Toutes les humiliations