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Page:Cavallucci - Bibliographie critique de Marceline Desbordes-Valmore, tome 1.pdf/274

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260 PAUVRES FLEURS où tu sais si bien lire ! Je ne crois pas que personne sur la terre ait jamais vu comme toi jusqu’au fond de ma vie, et il y a des instants où je voudrais t’en voir moins préoccupé. Je parle des instants accablés durant lesquels, si ce n’est pour toi, je me sens incapable d’exister pour personne ; et alors tu t’alarmes de ce repos qui n’est qu’un bienfait de mon orga- nisation. Je te dirai que je suis ainsi, disait ma mère, depuis l’âge de trois ans. Je t’expliquerai sa maladie qu’elle m’avait donnée, tu en raisonneras avec ton cœeur ; car tout son cœur ardent était dans cette maladie que j’ai bue et que je t’ai bien un peu transmise malgré moi., , (sans date : 1854). Trois ans plus tard, près de vingt ans après avoir écrit l’Ame en peine, Marceline écrivait à son amie Pauline Duchambge : "… J’étais donc seule, comme tous les autres jours de la semaine. J’étais parvenue à supporter ces longues solitudes avec la résignation que les prisonniers finissent par obtenir du Ciel. Une sorte d’engourdissement y aidait mon âme. C’était là mon calme, comme le tien sans doute ?… Où est le tien ? L’orage est partout. Il y a des temps où l’on ne peut plus soulever un brin d’herbe sans en faire sortir un serpent. C’est ce qui me tient depuis longtemps immobile et cachée. (11 mai 1857). 32