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Page:Cavallucci - Bibliographie critique de Marceline Desbordes-Valmore, tome 1.pdf/273

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PAUVRES FLEURS 259 Marceline envoya une feuille de ce platane à son amie Pauline, avec ce billet émouvant : "… Ainsi au revoir… Peut- être avec ce papier qui te porte un feuillage séché comme moi, une feuille de platane qui m’a servi de rideau à ma chambre et une fleur prise au Mont-Cenis. Je les embrasse en te nommant. Qu’elles te portent bonheur ! C’est du ciel que cela vient, comme toi et notre affection., , (Milan, 19 septem- bre 1838). Sainte-Beuve, qui aimait beaucoup cette poésie, l’a citée en entier dans son étude sur Mme Desbordes-Valmore : "Rien, écrit-il, ne nous a plus touché, comme grandeur, élévation et bénédiction au sein de l’amertume, que l’hymne Au Soleil. Je voudrais insister sur cette belle pièce et auprès de l’auteur lui-même, parce qu’à la profondeur du sentiment elle unit la largeur et la pureté de l’expression. Ici aucun tourment… Oh ! que le poète, dût-il beaucoup souffrir, fasse souvent ainsi ! Quand l’Italie et son soleil n’auraient valu à la chère famille errante que cette fleur sombre au parfum profond, tant de douleur ne serait pas perdu !, , 80. Je suis là toute seule, immobile, cachée (L’ÂME EN PEINE, Italie). 86 Comme l’a remarqué Sainte-Beuve, le 4 vers de cette pièce doit se lire : « Je ne peux m’éteindre, et non » je ne peux m’étendre, (leçon de l’édition originale). Personne n’a pu déchiffrer le sens exact de cette élégie nébuleuse, étrange, troublante, , , ainsi que la qualifie M. Lu- cien Descaves dans la Vie douloureuse. Cette prostration com- plète devant la vie et l’amour, cet accablement singulier, Mar- celine l’éprouvait fréquemment. Voici, d’ailleurs, en quels ter- mes elle parle à son fils de sa "maladie dans une lettre inédite que nous avons retrouvée à Douai : "Tu dis vrai : si l’amour n’était pas le soleil, je ne verrais pas clair aujourd’hui pour t’écrire, mon bien bon ange ! Mais tu as appris depuis si longtemps à me déchiffrer, que ma plus tremblante écriture te sera… aussi lisible que mes yeux