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Page:Cavallucci - Bibliographie critique de Marceline Desbordes-Valmore, tome 1.pdf/313

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1 BOUQUETS ET PRIÈRES 299 " Monsieur, vous vous en ressouvenez. Dans la morne consternation où l’agonie de la Pologne tenait toutes nos âmes, votre voix fut la première à m’apporter la nouvelle conso- lante que Lyon s’agitait pour étancher quelques plaies de la nation abandonnée. Laissez-moi bénir cette voix et la sainte conspiration dont elle était l’organe. Qu’elle soit aujourd’hui l’écho de la mienne pour saluer tous ces hommes généreux, ces amis du malheur lontain, ces frères libres, ligués à la face du monde, pour tendre leurs mains pleines à leurs frères dé- pouillés ! Que vos noms, trempés de charité, se hâtent de con- soler cette nation encore sanglante, égorgée presque sous l’aile de Dieu, et qu’il appartient à Dieu seul de venger ! De tels noms, Monsieur, porteront bonheur aux enfants lyonnais quil les recevront comme héritage, et la France sera fière de les compter parmi ceux qui signent ses gloires. Jugez si je me sens honorée du touchant souvenir de l’Association pour les Polonais, qui n’a pas dédaigné le tribut de mon humble et profonde sympathie., , (Pougin, Lettres inédites). Cette passion pour la Pologne était partagée par les amies de Marceline. Ainsi Caroline Branchu dont la situation était loin d’être brillante, avait recueilli un réfugié polonais. "1 … Ne perds pas de vue, lui écrit Marceline, que tu rem- plis en ce moment une tâche noble et providentielle. Tu re- présentes la bonté paternelle de Dieu envers un être exilé de sa patrie, que j’adore. Tu représentes à cet homme sa mère, sa ville perdue, ses amis absents et tous ses moyens glorieux d’existence. Cette grande pensée que tu réalises par tes bien- faits de tous les jours, ne doit-elle pas mettre un baume sur tes ennuis de la terre ?, , (Lettre du 23 mars 1839). 11. Triste à ma cellule (LE GRILLON). Cette pièce avait paru avec musique de Duprez. Marceline aime l’image du grillon dans le foyer ; elle la reprend dix ans plus tard dans une lettre à Richard, le mari de sa sœur Cécile : "Et, quoique je ne sache de quel côté donner de la tête, je prends sur la nuit pour vous écrire, — la nuit de Noël, mon cher Richard, qui changerait les destinées