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Page:Cavallucci - Bibliographie critique de Marceline Desbordes-Valmore, tome 1.pdf/322

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308 BOUQUETS ET PRIÈRES Valmore : détresse affreuse, qu’elle cachait à tout le monde, même à Marceline. C’est par hasard que cette dernière apprit la situation de son amie. Voici en quels termes elle en parle à Prosper … Si tu savais ce que je sais à présent ! D’abord elle est très malade, c’est une femme que l’infortune dévore. Elle n’a pas de bois, elle a tout mis en gages. Elle garde son loyer dans l’impossibilité de sortir en payant. J’ai tout vu, je suis resté consternée et j’ai pleuré de douleur d’avoir ignoré cette triste arrière-scène. C’est souvent ainsi. On ne voit pas la vie à jour, il faut nous garantir des apparences. Pauline est une pauvre victime de sa faiblesse, (11 novembre 1832). Pauline vivait de quelques leçons de piano ; elle composait des romances qui étaient de plus en plus difficiles à placer. Marceline s’entremettait souvent. La musicienne s’inquiétant un jour d’une romance que son amie avait envoyée à Lyon, et dont on ne recevait pas de nouvelles, Marceline écrit à son mari : "… Informe-toi bien soigneusement de ce qu’est devenue la romance de Mme Duchambge qui m’en parle tous les jours., (17 novembre 1839). Enfin la romance est retrouvée, et Marceline demande à son mari de prier Boitel d’arranger ce petit compte de cinquante francs ; "car Pauline en est comme toujours très pressée. Elle ne vend ici rien qu’au comptant. La situation de Pauline s’aggravait tous les jours ; elle recevait quelques secours sur la cassette royale, et elle assaillait le roi quand elle n’avait plus d’autre recours. Repoussée par tous les éditeurs de musique, je ne veux plus, écrivait-elle, m’exposer à la risée des artistes nouveaux qui considèrent, je le sais, mes productions comme des vieilleries., , (Lettre inédite à M. Bauchesne, publiée par J. Boulenger). Certain jour, elle conçoit l’espoir que Mme Récamier pourrait lui faire donner des leçons de piano trois fois par semaine à l’Abbaye-auy-Bois. Marceline la détrompe et lui mande que "nulle maîtresse n’est admise de l’extérieur au Sacré-Cœur. Ce sont les religieuses qui donnent les leçons de piano, parce qu’il se trouve toujours parmi elles d’excellentes musiciennes. Les règles sont tellement austères que maître étranger ne pénètre sous ces grilles. Voilà, mon bon ange, la triste vérité sur cette lueur d’espoir qui n’est (1