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Page:Cavallucci - Bibliographie critique de Marceline Desbordes-Valmore, tome 1.pdf/333

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BOUQUETS ET PRIÈRES -Oh ! oui, bien abominable, répondit-elle. — Encore une œuvre du Saint-Simonisme ! dit fougueu- - sement Brizeux. - 319 -Non, mon ami, répondit Mme Desbordes, mais l’œuvre de la misère et de la souffrance, qui n’entendent pas et n’atten- dent pas. Et il y en a tant ici ! Hélas ! les intérêts ne sont que trop souvent impitoyables. Cruauté partout, en haut comme en bas. Quel affreux monde que le nôtre !, , [Madame Desbordes montre alors à ses visiteurs l’épître en vers de Lamartine et la réponse qu’elle y fit.] "Dans cette admirable pièce, reprend Barbier, elle s’était peinte toute entière avec ces vers : "Ma pauvre lyre, c’est mon âme ; je n’ai su qu’aimer et souffrir., , Elle était là sans plus ample commentaire. Brizeux s’attendrissait, les larmes lui venaient aux yeux, il l’aimait et la connaissait si bien…. “Je lui pressai la main très affectueusement, et Brizeux l’embrassa de tout cœur. Comme nous gagnions la porte, elle appella ses deux enfants qui étaient restés dans un coin de la chambre, immobiles et silencieux. Ils s’approchèrent et elle leur dit : "Vous voyez bien ces Messieurs ? Eh bien, mes chers enfants, ce sont deux poètes, souvenez-vous… «  » Les petites filles nous regardèrent avec de grands yeux et sans doute comme des êtres extraordinaires, mais sans trop comprendre l’aimable exaltation de leur maman. Nous les embras- sâmes et nous partîmes. En regagnant notre logis, nous disions Brizeux et moi : Quelle charmante femme, quelle admirable nature de poète, tout sentiment, tout cœur, toute âme ! Elle est évidemment la première de nos lyres féminines. — Et point la dernière de nos lyres masculines, ajouta Brizeux. — Je le pense comme vous. 11 40. On est moins seul au fond d’une église déserte L’ÉGLISE D’ARONA (Italie). Marceline écrivait de Milan à Caroline, le 6 août 1838 : "Nous sommes ici comme au milieu des sauvages, et je me sauve, dans les belles églises, de l’ardente chaleur du ciel et