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Page:Cavallucci - Bibliographie critique de Marceline Desbordes-Valmore, tome 1.pdf/338

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324 BOUQUETS ET PRIÈRES vie errante, vient de quitter tous ceux qui l’adoraient, au moment où mon retour à Paris venait de le combler de joie. Je l’ai vu et embrassé mort, un jour que je montais avec confiance chez lui, contente de voir qu’il allait sortir en voiture ! Je m’élance pour monter l’escalier, on me prend par mon manteau et l’on me frappe ce coup dans le cœur ! Je ne sais où j’ai pris l’élan d’arriver à lui… Que voulez-vous, mon bon Gergerès ? Il était écrit dans ma bizarre destinée que je rentrerais de tous mes pèlerinages pour presser de mes lèvres ce pauvre front glacé !… Son cœur si bon, si pur, si fidèle à sa cause, ne battait plus sous le crucifix qu’il avait demandé. Deux heures auparavant, ce cœur d’enfant dormait. Moi, j’étais à demi-morte !, , (Lettre du 25 novembre 1837, publiée par A. Pougin). 49. Quoi ! les Dieux s’en vont-ils, Madame ? et notre France (MADEMOISELLE MARS). Cette poésie fut écrite pour commémorer le départ de Me Mars, de la Comédie Française, en avril 1341. Le jour même que la grande actrice prenait congé du public (7 mars 1841), Marceline écrivait à Louise Babeuf : "Je ferai lire votre lettre à Mle Mars. Cette lettre-là vaut bien une couronne. Nous tâche- rons de lui en jeter une ou une fleur ; moi je n’y peux aller, mais vous prendrez mon cœur dans votre poche et je verrai par vos yeux. " On sait l’amitié et l’admiration de Marceline pour la célèbre tragédienne (cf. la note sur la pièce : De Thalie, etc.). Voici un curieux épisode de leurs relations, rapporté par Jacques Boulanger dans son livre sur Marceline : "En 1840, Marceline qui avait tous les courages, trouva celui de déclarer à son illustre amie qu’il était grand temps qu’elle renonçât désormais à faire aux Français les jeunes femmes et les grandes coquettes. Mars avait alors soixante et un ans. Depuis plusieurs années, on s’efforçait en vain de lui faire entendre que l’heure de la retraite avait sonné pour elle. Or, Mme Valmore osa le lui écrire dans une lettre qui est, d’ailleurs, un chef-d’œuvre d’adresse. Eh bien, la vieille grande comédienne ne se fâcha point.