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Page:Cavallucci - Bibliographie critique de Marceline Desbordes-Valmore, tome 1.pdf/374

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POÉSIES INÉDITES DE 1860

avec le mari, s’efforce de le convaincre qu’il n’est pas de meilleur ami que lui ; il rôde autour d’Ondine, soudoie des gens pour l’enlever, enfin il se livre à cent manifestations déraisonnables. Au mois de février 1840, il rend à Valmore le portrait peint par l’oncle Constant que Marceline lui avait donné, mais après y avoir collé une lettre pour « attester sa coopération à la pension refusée, et qui fait rougir pour lui » (telles sont les propres expressions de Marceline dans une lettre à son mari).

Latouche habite maintenant avec Pauline de Flaugergues. Le 19 septembre 1840, Marceline, qui s’est installée au 345 de la rue Saint-Honoré près de l’ancienne maison de son amant, écrit à Prosper Valmore : « Ne conçois pas la plus légère crainte sur l’avenir avec L… Je n’irai jamais la première, d’abord parce que tu ne le veux pas, et parce que je ne le veux pas moi-même et que je ne dois pas le vouloir. » Nous laisserons le lecteur commenter à sa guise les mots que nous avons soulignés.

L’année suivante, Hyacinthe Valmore signait « Ondine ». Latouche avait cessé toutes relations avec le ménage Valmore.

Le 7 mars 1851, Sainte-Beuve mandait à Marceline : « Il est mort, ces jours-ci, un de vos anciens amis sur qui je voudrais écrire avec impartialité et justice », et il la priait de lui envoyer « un jugement senti sur ce brillant, coquet et inquiet esprit » qu’était Latouche.

Onze jours après, Marceline lui adressait cette lettre émouvante :

« 18 Mars 1851. — Un grand accablement m’a empêchée de vous répondre. Pardonnez-moi, je l’ai essayé plusieurs fois ; mais dans quel coin de mon sort laborieux trouver de la solitude pour me recueillir ?

« Pensez, cette fois, que c’est presque sur une tombe qu’il faut demander un peu d’ordre à mon esprit abattu. Comment oserais-je, de là, juger celui d’un autre ? Quel jugement peut-on écrire avec des larmes dans les yeux ?

« Oui, vous avez raison, ce serait par éclair, à mon insu, que vous saisiriez les impressions gardées dans ma mémoire,