Aller au contenu

Page:Cavallucci - Bibliographie critique de Marceline Desbordes-Valmore, tome 1.pdf/57

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

POÉSIES DE 1820 43 Cette pièce se trouve dans l’album n° 13 de la Bibliothèque de Douai ; elle y est datée de février 1820. On la retrouve encore dans l’album nº 7 avec un grand dessin au crayon de Constant Desbordes qui l’illustre. Comme son éditeur la priait de corriger quelques vers de cette pièce, Marceline lui répondit : "Je ne vous appellerai ni barbare, ni serpent. Il y a toujours de la vérité dans ce que vous dites ; mais excusez pour cette fois ma paresse. Le berceau d’Hélène peut bien aller se coucher. Si j’y change une feuille, ce sera dans un siècle. J’ai un dégoût mortel de poésie en ce moment ; c’est presque dire de la vie, ,. (Lettre inédite du 9 avril 1820. Coll. H. de Favreuil). Trois ans après, Marceline envoyant cette poésie à Duthil- lœul, l’accompagnait de ces quelques mots : "J’ai un souvenir très clair de mes premières années. Notre maison tenait au ci- metière Notre-Dame. Il y avait un calvaire, des tombeaux, la vue d’un rempart, une tour avec beaucoup de prisonniers. Je courais partout ; partout je trouvais des clochettes, des fleurs de carême et des petites compagnes dont les figures sont encore toutes peintes dans mon souvenir. Je l’ai dit faiblement dans le Berceau d’Hélène. Il n’y a pas de mots aussi doux que les rêves de l’âme… Dans l’Atelier d’un peintre, Marceline décrit ainsi l’église Notre-Dame qui s’élevait non loin de sa maison : "Nous re- vînmes par des détours, jusqu’à l’église Notre-Dame. Il m’y fit entrer au milieu des décombres, et, de là, me montra la place où mon grand-père, puis mon père, puis nous tous leurs enfants avions été ondoyés par lui. Il pointa aussi du fond de cette église mutilée toutes les tombes de notre famille, dans le vert cimetière où jouaient à cette heure quelques enfants… Les murs délabrés, l’orgue en ruine, les saints sans tête renversés dans les hautes herbes de ce cimetière agreste, les vitraux brisés, comme les bancs déserts, tout cela décoloré par un soleil rouge, ardent, qui passait, laissant tomber aux mêmes heures ses rayons éternels sur ces débris abandonnés… Dans ce roman Marceline raconte aussi la peur que lui faisait, quand elle avait quatre ans, un grand Saint-Nicolas tombé de sa niche et déposé dans l’allée qui traversait la