Page:Chénier - Poésies choisies, ed. Derocquigny, 1907.djvu/115

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Entrez : à ses genoux prosternez vos douleurs,
Le deuil peint sur le front, abattus, tout en pleurs ;
Et ne revoyez point mon seuil triste et farouche,
Que vous ne m’apportiez un pardon de sa bouche.


XXV


Eh bien ! je le voulais. J’aurais bien dû me croire !
Tant de fois à ses torts je cédai la victoire !
Je devais une fois du moins, pour la punir,
Tranquillement l’attendre et la laisser venir.
Non. Oubliant quels cris, quelle aigre impatience
Hier sut me contraindre à la fuite, au silence.
Ce matin, de mon cœur trop facile bonté !
Je veux la ramener sans blesser sa fierté ;
J’y vole ; contre moi je lui cherche une excuse.
Je viens lui pardonner, et c’est moi qu’elle accuse.
C’est moi qui suis injuste, ingrat, capricieux :
Je prends sur sa faiblesse un empire odieux.
Et sanglots et fureurs, injures menaçantes.
Et larmes, à couler toujours obéissantes !
Et pour la paix il faut, loin d’avoir eu raison,
Confus et repentant, demander mon pardon.